Les jeux touchant au domaine du psychologique et des troubles mentaux ont la cote depuis quelques années. J’ai plusieurs exemples en tête, Hellblade, Town Of Light, Fractured Minds, c’est un sujet tabou, délicat, mais nécessaire et le monde vidéoludique est un véhicule parfait pour démystifier l’inconfort, surtout lorsqu’il est question de suicide. Les jeux touchant le volet d’êtres humains s’enlevant la vie sont très peu nombreux. Heureusement, le studio One-O-One y plonge à grand coup de manette avec son jeu Le Suicide De Rachel Foster. Voici mon compte-rendu de ce titre qui semblait verser dans le « simulateur de marche », mais qui ne l’est pas tant que ça, s’intéressant à un sujet grave dans lequel il est facile de tergiverser de manière négative.

Une disparition, une mort accidentelle, un suicide?:

Le scénario met en scène, Nicole, une jeune maman de 26 ans (le rôle joué tout au long du jeu) vivant dans la ville de Portland aux États-Unis qui se retrouve à être la seule survivante de sa famille après le décès de sa maman dû à un cancer. Donc, elle devient par défaut la seule mandataire dans le but de vendre l’hôtel familial qui se retrouve dans le Montana. C’est d’ailleurs une lettre de sa mère qui la place dans cette position. Pour faire court, sa mère l’implore de vendre l’établissement qu’elles avaient quitté il y a une décennie. La procédure de la vente: garder une partie des profits pour ses études et l’autre pour remettre le reste aux proches d’une certaine Rachel Foster.

Okay, mais c’est quoi le rapport avec cette Rachel? J’y arrive, ne vous inquiétez pas. Donc, au début du jeu, j’ai appris que le récit se jouera en dualité. D’un côté, ça ne me tentait vraiment pas de devoir retourner à cet hôtel et deux, parce le motif du départ il y a dix ans, tient du fait que mon père de 46 ans entretenait à l’époque une relation d’adultère avec Rachel Foster qui se trouvait à être ma camarade de classe, donc adolescente. Vous comprenez maintenant? Mais pire encore, Rachel fut retrouvée morte sensiblement dans un accident et l’autopsie a révélé qu’elle était enceinte de mon père de neuf semaines. C’est précisément la même journée de la révélation de la mort de Rachel que je quittais le Montana pour ne plus jamais y revenir… jusqu’au jour où je dois y retourner pour la vente.

Je me mets alors en route et me retrouve pris dans une foutue tempête de neige. Malheureusement, une simple visite de courtoisie pour signer des papiers de vente, devient un séjour non voulu. Et c’est là que plus les jours passaient et plus je découvrais des secrets sombres et… pour le reste, il n’en tiendra qu’à vous. Première mission, faire le tour de l’hôtel et découvrir ses pièces et leurs contenus. Deuxième mission, marcher et encore marcher, monter et descendre, ouvrir et fermer des portes, je pouvais également examiner une panoplie d’objets qui pour la plupart, ne servent strictement à rien.

Ça avance, ça recule:

Au bout d’un moment, le téléphone sonna et c’était un certain Irving qui me tiendra d’ailleurs compagnie tout au long de l’aventure, me prodiguera certains conseils judicieux, qui prendra une tout autre tournure dans les derniers chapitres. Le parallèle avec le jeu Firewatch est frappant. Une discussion qui s’étale sur environ 5 heures de jeu qui passe très vite. Jamais, je n’ai rencontré des ennemis ou tout autre peur. C’est l’ambiance et surtout l’imagination qui prédomine. Que des petites énigmes à résoudre. Pour avancer, une carte était mise à ma disposition et des séances de marche parfois courtes et parfois assez longues. J’ai tellement fait d’aller-retour que je connaissais l’hôtel par cœur, mais ça, après deux heures, parce qu’au début, l’hôtel est tellement grand, que même à l’aide de la carte, je me suis perdu assez souvent.

Un graphisme efficace pour le style:

Si je compare ce jeu à Dear Esther, Firewatch, What Remains Of Edith Finch par exemple, Le Suicide De Rachel Foster se distingue par son ambiance visuelle originale et son côté artistique très joli. Chaque racoin de l’hôtel comporte sa personnalité et rien ne se ressemble. Au moment de zoomer un objet, on s’aperçoit que les développeurs y ont mis du temps et de l’énergie sur leur définition et modélisation.

Des acteurs convaincants:

Malgré que les dialogues sont offerts en anglais, le jeu des acteurs est prenant. Même si le nombre est réduit à deux, le très haut taux d’émotion vécue par eux est présent du début à la fin. Les textes et menus sont en français.

Au final:

Offert au prix de 26.99$, ça peut paraître cher, surtout que pour plusieurs, ce type de jeu est vu comme un simple simulateur de marche, mais il n’en est rien. C’est beaucoup plus profond que ça. Généralement, ce style met en avant le scénario et c’est le cas ici. Les sujets, je vous l’accorde sont très difficiles à aborder: le suicide, la pédophilie, l’adultère. Ces jeux ne sont pas pour tous, mais c’est nécessaire à la compréhension de ces troubles mentaux.

Cote FG: 8/10

Le jeu fut testé sur la Xbox One X via un code de téléchargement qui fut gracieusement offert par Terminals. IO.

Fiche technique:

  • Développé par One-O-One.
  • Publié par Daedalic Entertainment.
  • Jeu de situation.
  • Jouable en solo uniquement.
  • Offert en version anglaise (voix) avec menus et sous-titres en français.
  • Disponible en version téléchargeable seulement.
  • Sorti sur PC, PS4 et Xbox One. (testé sur Xbox One X)
  • Site officiel: https://www.tsorf.games/home/