Comment parler de la suite d’un jeu qui a marqué un tournant dans l’histoire des jeux vidéo? Alors que Retro Studios a frappé l’industrie de plein fouet avec Metroid Prime, ils ont laissé aux joueurs un petit détail à la toute fin du jeu qui laissait bien sûr présager une suite… mais jamais quelque chose d’aussi complexe et aussi inaccessible!
Metroid Prime 2: Echoes est effectivement ce que Majora’s Mask a été pour Ocarina of Time dans la franchise de Zelda. Metroid Prime a mis la barre si haute pour la suite des développements de jeux à la première personne qu’une suite ne pouvait être envisagée. Mais il y en a eu une en 2004. Une histoire plus sombre, une planète encore plus large… avec un principe plus ou moins original mais qui allait révolutionner Metroid! Avec le recul, Metroid Prime a beau être le meilleur jeu que j’ai joué… Metroid Prime 2: Echoes est LE meilleur Metroid de l’histoire de la franchise! Oui, vous m’avez bien lu!
Echoes nous plonge sur Aether, une planète bizarre… et lorsque Samus Aran se prépare à l’atterrissage, son vaisseau est frappée par la foudre… un orage venant de nulle part et alors qu’elle découvre que les Marines de la Fédération Galactique sont tous morts ou zombifiés suite à l’appel de détresse, d’où son intervention, elle réalise vite qu’elle n’est pas tout à fait seule sur cette planète. C’est en découvrant l’histoire qu’on réalise enfin ce que Samus Aran est: une guerrière intergalactique! Elle va presque sacrifier sa vie afin de sauver un peuple de l’extinction en plus d’être pourchassée par une entité ténébreuse.

La découverte de nouveaux mondes nous permet d’apprécier la direction artistique!
Ce que Metroid Prime 2: Echoes fait… c’est carrément être son propre Metroid. Au lieu d’être seule sur une planète à suivre la prophétie laissée par un peuple disparu (les Chozos) ou détruire la base des Pirates de l’Espace et à être sauvé par une créature qu’on devait normalement exterminer, Samus est témoin des ravages d’une guerre. On découvre l’histoire avec notre visière de balayage et au fur et à mesure qu’on avance, on voit les cadavres du peuple d’Aether et c’est très souvent choquant puisqu’on voit des morts, chose rare dans un jeu Nintendo. C’est sans oublier le fait qu’Aether est divisé en deux univers parallèles : Light Aether et Dark Aether. Au lieu d’être de simples copies, Retro Studios a réussi à différencier totalement les univers parallèles en proposant des énigmes, un procédé d’exploration bien différent mais surtout le sentiment de survivre contre le monde lui-même. Dark Aether est empoisonné et aussitôt que Samus met un pas dans cette atmosphère ténébreuse sans la protection de la lumière, elle perd de l’énergie rapidement! Cela rend certaines phases d’énigmes tordues et les combats de boss tout simplement impitoyables puisque le temps joue contre Samus et le joueur va en souffrir. Cela permet à Echoes de se distinguer en étant l’un des jeux les plus difficiles de toute l’histoire de Nintendo. Non seulement Samus perd de l’énergie dans l’atmosphère mais l’eau de Dark Aether est empoisonnée, les ennemis sont plus puissants, les boss sont redoutables… Vous n’avez pas le droit à l’erreur et même lorsque vous pensez avoir battu les trois grands boss vous donnant accès aux zones pour redonner vie à Light Aether, vous réalisez vite que la partie n’est pas gagnée.
La mécanique d’Echoes est la même que celle de Metroid Prime : vous voyez ce que Samus voit. Vous marchez, sautez, tirez, etc. Le système de la Morph Ball n’a pas exactement changé mais propose une amélioration du système de la Boost Ball alors que vous combinez la Spider Ball… pour franchir une succession de rail magnétique, un principe tout nouveau. Le retour du Screw Attack, attaque dévastatrice et symbolique de la franchise permettant à Samus de faire des sauts combinés et de rester dans les airs pendant quelques temps en plus d’être meurtrière, est jouissif. Bien qu’il soit plus difficile à manier que dans Super Metroid, le Screw Attack d’Echoes est pareil : cet objet nous permet de franchir des passages autrement inaccessibles. Cela étend l’aspect du level design et l’ensemble de la direction artistique qui, encore une fois, est tout simplement un délice à admirer puisqu’on peut passer des minutes à admirer l’ensemble du paysage! Il est seulement dommage que cet objet arrive tard dans le jeu. Bien sûr, la méthode n’a pas changé : vous explorez jusqu’à ce que vous trouviez un objet qui améliore votre arsenal. Ça semble anodin mais dès que vous l’avez, vous allez vous en servir et vous allez figurer comment ça fonctionne ce qui est, en somme, le sentiment d’accomplissement.
Vous trouvez des reliques (les clés) pour accéder au boss et ils sont parmi les combats les plus… ce sont les combats les plus spectaculaires de la franchise si on oublie au moins Ridley et Metroid Prime puisque chacun des boss se renouvelle et propose des nouvelles phases et deviennent de plus en plus rapides ou proposent une petite énigme à résoudre ce qui force le joueur à fouiller dans son arsenal et à scanner ce qui l’entoure. L’un des boss qui est en fait une sorte de robot géant qui fait étrangement penser à Kraid… celui-ci présente plusieurs phases différentes et… faut faire ce combat pour vraiment voir à quel point les boss d’Echoes sont absolument épiques et brillants et le sentiment d’accomplissement après en être venu à bout… c’est superbe et c’est sans oublier, vers la fin, un passage anecdotique que seuls ceux qui ont joué aux volets réalisés par Gunpei Yokoi et Yoshio Sakamoto reconnaîtront mais celui-ci est un des passages les plus angoissants de la franchise!

Ce boss fait partie d’une panoplie d’adversaires redoutables qui s’imposeront et deviendront des défis exigeants et difficiles!
Retro Studios nous prouve que la direction artistique doit primer avant la qualité du graphisme mais mélanger le meilleur des deux devient un exploit… que seul Retro semble avoir la recette puisque chaque grande salle a un petit quelque chose de mémorable. Parfois, il suffit de quelque chose qui bouge, un petit détail dans l’environnement qui se distingue, l’architecture des mondes, la tempête… Toute l’expérience est aussi renforcée grâce à de nouvelles visières qui nous permettent de mieux déceler les objets dans l’univers parallèle qui sont dans le monde que nous sommes… ou encore la visière qui nous permet de résoudre les énigmes grâce au son ou à simplement détecter des ennemis invisibles. L’ambiance sonore est superbe, les petits détails qui rendent chaque salle vivante, les explosions… C’est encore de toute beauté! Alors que Metroid Prime faisait carrément disparaître les ennemis une fois détruits, Echoes nous montre certains d’entre eux être réduits en miettes avec du sang alien. D’ailleurs, les références avec Alien sont renforcées grâce à une démonstration de l’évolution des créatures de Dark Aether. En plus, bien que l’armure originale de Samus soit bien différente, elle en aura d’autres… mais ses poses d’avant-combat et ses expressions faciales à travers la visière nous permettent de voir une héroïne silencieuse mais concentrée… et tout simplement badass!
Le jeu ne présente pas une prise en main nécessairement original et encore moins une prémisse aussi intéressante quand on voit le contexte du combat de la lumière contre l’ombre… mais au-delà de ce petit détail, les efforts de Retro Studios nous prouvent que Echoes a l’honneur d’être son propre Metroid, un jeu extrêmement sombre au point de vue ambiance, subtilité et exploration. Un jeu qui nous plonge tout de suite dans ce monde étrange en nous disant go, vas-y… Et c’est ce que Metroid fait de mieux, quelque chose qui ne sera jamais repris par la suite dans la franchise (là où Corruption a partiellement raté son coup). Avec le recul, Prime 2: Echoes est, selon moi, le meilleur Metroid de l’histoire grâce aux multiples objets éparpillés de façon énigmatique, des combats de boss épiques, l’exploration des deux univers parallèles, les données à découvrir dans un scénario qui nous engage à sauver un peuple sans être pris par la main (Other M, je te pointe) tout en nous permettant de devenir l’ultime guerrière qu’est Samus Aran! Les comparaisons avec Majora’s Mask ne peuvent qu’être logiques. Un jeu sous-évalué à cause du succès sans précédent (et mérité) de son aîné et si vous avez le courage de terminer Echoes en mode Difficile… c’est dit! Oui, Metroid Prime (ou Super Metroid) est le plus grand Metroid de l’histoire à cause de l’impact qu’il a eu… mais en terme de nouveauté, de complexité, de créativité et, bien sûr, de difficulté, Echoes est tout simplement supérieur sur toute la ligne! Il est moins marquant parce que les joueurs n’ont pas le goût de prendre des risques… Mais faut avoir confiance! Echoes… Juste… brillant et dans l’ombre de son prédécesseur! Une superbe suite d’un chef-d’œuvre déjà incroyable!
Points positifs:
- Un Metroid qui essaie de faire différemment tout en respectant la base!
- Combats de boss épiques!
- Panoplie d’objets et reliques à découvrir!
- Énigmes renforcés par l’exploration de deux univers parallèles!
- Direction artistique impressionnante!
- Difficulté corsée!
Points négatifs:
- Sentiment de va-et-vient…
- Manque d’originalité à la jouabilité…
Fiche:
- Nom: Metroid Prime 2: Echoes
- Développeur: Retro Studios
- Éditeur: Nintendo
- Genre: Aventure à la Première Personne
- Classement ESRB: T pour Ados
- Disponible sur: Gamecube et Wii (Trilogy)
- Joueur: 1 (mode multi split-screen sans intérêt)
- Langue: Anglais
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