Pour les gens dans la fin vingtaine, début trentaine comme moi, vos souvenirs de ce film sont surement excellents. Le sentiment de nostalgie qui vous vient lorsque vous entendez la musique caractéristique de ce film est sans aucun doute comparable à celle que vous sentez pour Back to the Future, Total Recall ou Terminator. Je parle bien sûr du classique de 1987, Robocop. Mon enthousiasme était par contre beaucoup moins présent lorsque je suis allé voir la reprise du classique de Peter Vanhorsen.

Bon, la reprise en question a sensiblement la même histoire que celle sorti en 1987.

Tout d’abord, Alex Murphy est un policier de la police de Detroit qui cherche désespérément à attraper un caïd du crime, Antoine Vallon. Manquant de coopération de la part de ses supérieurs, il décide de prendre l’enquête entre ses mains et de tenter de l’arrêter soi-même. Bien sûr, la police est corrompue comme le reste de la ville, donc jusqu’ici la décision est compréhensible. Après une tentative manquée, il devient la cible de Vallon et se fait assassiner par un attentat à la bombe. Ou presque!

Alex Murphy survit de peine et de misère, mais ne réussira pas à s’en sortir sans les miracles d’une entreprise de haute technologie, Omnicorp. Cette compagnie produit déjà différentes prothèses permettant à des amputés de profiter la vie. Par contre, sa principale activité commerciale est la fabrication de robots de sécurité ultra performants, possibles remplaçants  des différents corps policiers mondiaux, voire l’armée. Ces robots sont d’ailleurs en opération un peu partout dans le monde, principalement dans les pays en guerre.

Et oui! Les ED-209 sont de retour!

Et oui! Les ED-209 sont de retour!

L’embûche majeure qu’Omnicorp a dans son chemin est la réticence du gouvernement américain d’accepter que de tels robots fassent régner la loi aux États-Unis. Le président de la multinationale, Raymond Sellars, voit en Alex Murphy une opportunité en or d’amener un côté humain à ses machines. Ainsi, lui et son équipe de Marketing espèrent que le gouvernement pliera sur la question, notamment par la pression exercée par la population.

Raymond Sellars donne donc la mission à Dennett Norton, scientifique en chef de la compagnie, de reconstruire Alex Murphy en robot hyperpuissant en gardant une partie de son côté humain. Viendra ensuite beaucoup de tests, d’ajustements et de transformations pour finalement avoir un Alex Murphy presque inexistant, qui n’est vraiment qu’une simple machine. Il devient donc Robocop, un policier presque invincible, avec aucune possibilité de corruption en lui. Par contre, comme vous pouvez le deviner, des évènements viendront perturber l’histoire, au point où Robocop regagne de son côté humain pour se venger de tous les traîtres responsables de sa mort.

Bon, pour ceux ayant vu le premier film de 1987, vous constaterez que l’histoire se ressemble passablement. Je trouve que l’histoire est bien implantée au tout début, que ce soit lorsque Murphy est un simple policier ou lorsqu’il se fait reconstruire. Le film démontre bien le contexte mondial dans lequel Omnicorp doit vivre ainsi que l’ambition exagérée de son président. Ce contexte nous permet donc de bien comprendre les raisons de l’existence de Robocop, mais aussi tout le processus de fabrication et d’ajustements.

Cette partie est la meilleure du film, et de loin. Murphy se retrouve mourant et a besoin d’un miracle pour s’en sortir tandis qu’Omnicorp a besoin d’un exemple d’homme mi-humain, mi-robot pour montrer que son armée robotisée est une bonne chose pour les États-Unis. Tout ça parait gagnant-gagnant. Même qu’au début du processus, Murphy apprend à vivre avec son nouveau corps de façon surprenamment facile après un réveil plus perturbant. Cependant, l’équipe de scientifiques doit lui enlever son côté humain, presque en totalité, suite a des performances décevantes et à des attaques de paniques lors de tentative de programmation.

Le rythme de cette première partie est très bien présenté. Il n’y a pas vraiment de longueurs, à part peut-être quelques scènes avant la « mort » de Murphy. Nous avons la chance de voir le fonctionnement d’Omnicorp, la fabrication de Robocop, le cheminement qu’il a à traverser pour redevenir policier et fonctionnel. J’ai particulièrement aimé une scène où l’on voit ce qu’il reste du corps humain de Murphy, c’est-à-dire la tête, le cœur et les poumons.

C’est durant la 2e partie du film que ça se gâte. Robocop devient véritablement un robot, oublie sa famille et ses proches et se met à arrêter tous les criminels de la ville. Digne des meilleurs moments quétaines de Hollywood, Robocop balaie du regard la foule lors de sa conférence de presse et trouve un homme recherché pour meutre dans la foule. Il l’arrête bien sûr sans aucun souci, devant une foule qui l’applaudit. N’est-ce pas mignon?

Aussi, lors de la partie « post reprogrammation », on dirait que le réalisateur se rendait compte qu’il manquait de temps. Il nous enfonce des scènes dans la gorge à un rythme effarant, provoquant rapidement une indigestion. Robocop procède à des arrestations, ensuite retourne se faire programmer. Il ressort dehors, se fait accoster par son épouse, l’ignore, continue de rouler sur sa belle moto, commence à se sentir mal, retourne à sa maison, analyse la scène de crime de son propre meurtre. Soudainement, ses émotions reviennent. La balade en moto recommence!

Robocop a troqué sa ford Taurus pour une moto au look très futuriste.

Robocop a troqué sa ford Taurus pour une moto au look très futuriste.

Je vous épargne la suite pour vous garder un peu de surprise, mais sachez qu’il y a beaucoup de choses qui se passent en un cours laps de temps.

Comme vous pouvez le voir, j’ai trouvé que le film est loin d’être parfait. Je dirais que le problème principal est le rythme. Si le début est bien, la 2e partie a trop de parties condensées, ce qui fait qu’on perd le fil à un moment donné. Le scénario aurait pu être mieux fignolé, de sorte qu’il y aurait un peu moins de scènes, mais qu’elles seraient mieux présentées et moins « garochées ».

La magie du premier film de 1987 ne s’y retrouve aucunement. Si on se souvient du premier, le contexte était bien amené par Paul Verhoeven. Detroit était pauvre, très criminalisée et tout le film était basé sur ce contexte. La ville était sale, laide, et les criminels semblaient vraiment méchants. Dans le nouveau film, la ville est belle, propre et même s’ils parlent de la haute criminalité, ça ne paraît franchement pas. Vallon n’a pas l’air d’un malade mental purement méchant, il a beaucoup plus l’air d’un chef d’organisation criminelle qui ne se salit pas, presque digne de nos criminels au col blanc.

Parlant d’antagonistes, je dirais que le la ville en est remplie, mais qu’aucun n’est digne d’un protagoniste comme Robocop. Vallon n’est pas dutout épeurant, et n’a d’ailleurs pas beaucoup de présence dans le film. Sellars, même s’il est intéressant, devient réellement méchant à la toute fin. D’ailleurs, je trouve que ce tournant est venu trop tard et trop soudainement, sans vraie préparation. Les collègues corrompus de Murphy sont méchants, mais un peu comme Vallon, ils ne font pas peur. Le plus désagréable des méchants, celui que l’on déteste le plus, est Rick Mattox. Ce dernier est responsable de l’entraînement des robots et déteste clairement Robocop du début à la fin. C’est le seul méchant que l’on veut vraiment voir mourir, mais comme les autres, il n’a pas vraiment d’impact sur le dénouement.

Les acteurs ne se démarquent pas particulièrement, à part Michael Keaton (Raymond Sellars) et Samuel L. Jackson (Pat Novak). Joel Kinneman (Alex Murphy) ne m’a pas dutout impressionné, quoi qu’il joue le rôle d’un robot (un rôle qui doit être très difficile à faire, j’en conviens). Les autres acteurs connus, comme Gary Oldman (Bennett Norton) et Jay Baruchel (Tom Pope), ont des interprétations honnêtes sans nécessairement impressionner la galerie.

J’aurais un rare bon point à mettre sur ce film, le rôle de Samuel L Jackson. Il joue le rôle d’un présentateur de nouvelles, visiblement payé par Omnicorp, qui fait énormément penser aux postes de TV de nouvelles américaines (*tousse* Fox News *tousse*). Il ne se gêne pas pour donner son opinion sur les gens stupides qui ne veulent pas utiliser les robots aux États-Unis. Il ne se gêne pas non plus pour féliciter les grands exploits de la compagnie Omnicorp. Son rôle est très rafraîchissant et carrément drôle. Il allège l’atmosphère un peu terne du film,  même si on le voit que quelques scènes dans le film.

Cette version a été faite en fonction de rendre le film plus facile à regarder pour tous les âges. Robocop ne tue pas beaucoup d’ennemis,  même qu’il utilise très souvent un pistolet électrique. Les quelques occasions qu’il tue des criminels, il le fait sobrement sans qu’il y ait trop de sang. Je n’oserai pas comparer avec le premier film, qui était un beau festival de sang (dont la scène « I’m sure it’s only a glitch »). Ils ont d’ailleurs enlevé une des dimensions intéressantes du premier film : l’humour. Non, Robocop n’était pas une comédie, mais le film ne se prenait pas au sérieux. Tout était exagéré, que ce soit les robots, les morts, l’interprétation. Dans cette version, on ne retrouve aucunement cette ironique que j’aimais des films de ces années.

Bon attention, je ne dis pas que Robocop de 1987 était parfait. Il était en fait, selon moi, assez ordinaire. Mais il était beaucoup mieux que celui dans nos salles actuellement. Aussi, la fin est carrément l’apothéose du mot quétaine.

Écoutez ce film si vous aimez les films d’action, sans vouloir vous investir dans une histoire en profondeur et de bons acteurs. N’allez pas, comme moi, voir ce film en voulant retrouver la magie du premier film de 1987. Le film est très différent, malheureusement du mauvais côté.

Ma note : 5.5 / 10

Bons côtés

-Les effets spéciaux sont saisissants
-Bon scénario pour la première moitié du film
-Le personnage de Samuel L. Jackson

Mauvais côtés

-Fin bâclée
-Histoire mal ficelée
-Trop de méchants, aucun ne s’impose
-La magie de celui de 1987 est disparue

Mon Twitter : JsChapleau