Lorsqu’on tente de créer un concept plus ou moins établi, il est surtout important de regarder ailleurs soit dans le passé d’autres éditeurs ou même le nôtre afin d’améliorer l’expérience. Tomodachi Life se présente comme le « Sims » de Nintendo. Est-ce que cela lui permettra de s’établir dans la compétition?
Tomodachi Life est exactement ce que vous pensez : il s’agit d’un simulateur de vie virtuelle alors que vous gérez une île en compagnie de quelques Miis qui ont besoin de votre aide. C’est à peu près la meilleure façon de résumer ce jeu. En fait, les comparaisons avec The Sims, une franchise établie depuis 14 ans, seront inévitables… pour vous puisque je n’ai jamais à cette licence… sauf au genre si on considère Animal Crossing, licence en selle depuis 11 ans soit depuis la Gamecube. Animal Crossing fut-elle la réponse de Nintendo face à The Sims de Maxis/Electronic Arts? À vous de me le dire mais retournons à Tomodachi.
Alors que vous créez votre île automatique et y placez votre premier Mii, il est donc important d’en créer d’autres (grâce aux codes QR, l’importation de vos Miis depuis la Wii U, vos Miis de 3DS… ou même votre imagination via le Mii Maker intégré) et varier les sexes afin de réellement profiter de toutes les fonctions qui seront débloqués. Des boutiques seront ouvertes comme des vêtements, de la nourriture, des parcs, etc. Bien que le tout semble un peu passif, il faudra toujours vous impliquer. Les tâches varient entre la faim, des mini-jeux, des services comme avoir une phrase selon l’émotion, le look de l’appartement et plus encore.
Ce que Tomodachi Life réussit à faire de bien, c’est de nous accrocher un bon 5 minutes à chaque heure de la journée. Les Miis se posant des questions ou ayant réellement faim (vous verrez l’estomac) verront des bulles avec un barbouillage à travers les fenêtres de leur appartement. Ils vous proposeront donc une tâche. Si c’est un bonhomme vert, ils veulent jouer à un mini-jeu qui, malheureusement, se situent entre des jeux d’ombre ou de réflexes qu’on peut comparer à Wario Ware sans être très exigeant (on ne parle pas d’épreuves qui évoluent en vitesse). Lorsqu’on voit un bonhomme sourire (comme sur la liste d’amis de nos 3DS et 2DS), cela veut dire qu’un de vos Miis veut socialiser avec un colocataire. Vous verrez donc une petite cinématique où vous n’aurez aucun impact sauf au début à l’occasion lorsqu’on vous demande quel genre de conversation le Mii devrait avoir. Bien sûr, lorsque vous créez vos Miis, vous aurez à choisir la personnalité selon les agissements et autres. Le tout résultera, évidemment, en une amitié créée ou tout simplement un échec. Votre Mii a aussi des goûts particuliers et ce sera à vous de bien figurer le tout advenant un redesign, un relooking ou encore un repas.
Lorsqu’il y a un cœur, c’est signe qu’un Mii éprouve des sentiments pour un autre… Ai-je besoin de revenir sur l’incident autour des mariages entre conjoints de même sexe? Non! On se concentre sur le produit. C’est là que le joueur et un peu le hasard entrent en ligne de compte. Le joueur décide de l’emplacement parmi les choix et si le Mii doit agir d’une certaine manière et changer de vêtement ou non. Le résultat est vite facile à voir ou même à entendre. Cependant, bien que le Mii veuille déclarer ses sentiments, un autre Mii peut s’interposer et le résultat peut être bien différent et il y aura, bien sûr, des conséquences. Le tout se résume en du voyeurisme alors qu’on voit les habitants se rouler par terre, jouer à la Wii U si on leur donne une console, pratiquer les coups de golf ou tennis…
La comparaison qu’on peut faire avec Animal Crossing… c’est que tout peut arriver et il n’y a pas un but précis dans ce jeu. Contrairement à Tomodachi, Animal Crossing arrive à un point où vous n’aurez plus à vous occuper de votre ville car vous ne saurez plus quoi faire et le tout revient au fait si vous êtes attachés aux animaux de votre ville. Cependant, l’interaction en ligne n’est pas du tout présent dans Tomodachi et il n’y a pas de réelle fonction de personnalisation ou même ce sentiment d’accomplissement d’avoir fait quelque chose. Le tout est en réalité très simple d’approche. Vous pourriez une fois par jour soit un 5 minutes et ça suffirait. Vous pourriez cependant rater un petit objectif ou même un moment doux mais… encore une fois, ce sera à vous de vous investir.
En accomplissant certains objectifs, le Mii peut vous donner un objet qui sera utilisé en cas de besoin. Votre Mii peut avoir besoin d’un médicament, il peut vouloir prendre un bain, il peut être furieux ou même déprimé (surtout lorsque celui est rejeté après avoir tenté d’avouer ses sentiments). Contrairement à un jeu comme Disney Magical World qui a réussi à apporter une variété à son genre, Tomodachi se concentre de rester dans le système. Lorsque les Miis sont à la plage, la fontaine ou au café, ils peuvent interagir ou discuter mais les mêmes dialogues reviennent très souvent. Il y a aussi une sorte de salle de nouvelles pour expliquer les nouveautés et faits étranges (caricature de FOX/CNN?) sur l’île sans que ça ait un réel impact sur le jeu. Chaque bâtiment déverrouillé arrive à un endroit précis sur la carte ce qui est, avouons-le, un peu dommage car l’énorme quantité de créativité que nous pouvions avoir dans Animal Crossing : New Leaf est mise en veilleuse dans Tomodachi.
La seule fois où vous pourrez user de créativité, ce sera pour vos Miis en les habillant et en leur donnant des chansons pour des soirées dans une sorte de music hall/karaoke. Le poète en vous réussira-t-il à composer? On verra… si vous êtes bons en anglais car voilà MA plus grande critique envers Tomodachi Life : le jeu est uniquement disponible en anglais sauf en Europe! Bien sûr, certains passeront outre mais la quantité de dialogues (et les voix robotisés lisant chaque texte) est immense et parfois hasardeuse qu’il aurait été souhaitable d’avoir une version française mais c’est inexcusable. J’ai même vérifié dans les options. En sachant que Tomodachi trouvera son public, il est surtout dommage de voir que ce simple aspect peut distancer le joueur à faire un achat.
Techniquement, ce n’est pas un jeu qui va bénéficier de la 3D. On parle d’un simulateur de vie virtuelle et le fait qu’on joue seulement des doses de 5 à 10 minutes, ce n’est certainement pas tentant. La seule fois où la 3D viendra faire le travail, c’est dans les petites cinématiques alors que nos Miis font des rêves si vous tapez sur le nuage de clair de lune lorsqu’ils dorment. En voyant leurs rêves, vous verrez des moments loufoques. On ne peut pas dire non plus qu’il y a un grand gameplay puisque le tout se fait via l’écran tactile. Le tout est cependant rapide à charger et à sauvegarder et, comme Animal Crossing, vous devrez sauvegarder à la fin de chaque partie.
Lorsque vous allez au parc d’amusement (la grande roue et le carrousel), vous aurez accès (selon l’horaire) à un mini-jeu simili-RPG où quatre de vos Miis seront pixelisés dans une petite quête RPG très simple mais vraiment ennuyante. L’idée d’offrir du rétro, c’est correct… quand il s’agit d’une console rétro ou quand c’est techniquement voulu de la part d’un développeur. Il s’agit donc d’un contenu assez simple mais peu intéressant. Les récompenses sont généralement des objets pour vos Miis mais… ils pourraient ne jamais en avoir besoin ou ne pas aimer ça ou bien vous l’obtiendrez plus tard et vous pourrez le racheter en quantité industrielle grâce à la monnaie dans le jeu.
Le changement de jour ou d’heure affecte le développement général des fonds que vous recevez via des dons à la fontaine. Ces dons sont une somme d’argent pour acheter nourriture, linge et bric-à-braques pour vos Miis afin qu’ils soient un peu plus heureux. Les dons sont bloqués pendant une journée et dépendamment du nombre de Miis que vous avez, ce montant peut être très avantageux. Chaque fois que vous aidez un Mii, vous voyez son niveau de joie monter (sans effet particulier sauf lui donner des objets spéciaux pour interagir dans le parc, les appartements, etc) et un certain montant vous sera remis. La nourriture est facile à identifier pour vos Miis : ils peuvent aimer ou ne pas aimer et un top 3 sera visible. Tout le stock des magasins changera quotidiennement et vous pourrez consulter une encyclopédie des objets du jeu dans les options. C’est certainement intéressant mais pour le peu d’options réelles qu’il y a, c’est dommage que le tout soit peu développé.
Tomodachi Life ne brise pas du tout les barrières mais tente en réalité de se tailler une place dans un genre déjà acquis par deux mastodontes dont l’un fut relancé il y a exactement un an et fut l’un des jeux les plus vendus de 2013. Oui, Tomodachi Life trouvera sa niche de joueurs (certainement occasionnels ou conquis par le genre) mais le manquement réel dans le fait pouvoir laisser le joueur user de sa créativité dans ce simulateur est un peu difficile à concevoir. Le fait que ce jeu n’est pas réellement un jeu mais du voyeurisme pour voir nos Miis incarner des personnages ou des idôles, c’est un peu bizarre. L’absence d’une option pour mettre le jeu en français est aussi désolante. Si vous aimez les jeux comme The Sims et Animal Crossing ou jeux occasionnels sur vos consoles de jeux portables, Tomodachi Life saura vous satisfaire pendant quelques semaines. En fait, Tomodachi (et son concepteur, M. Yoshio Sakamoto) aurait dû prendre des notes sur ce qui fait le succès d’Animal Crossing. Il est surtout étrange de voir le studio qui a créé les WarioWare être incapable de « reconstruire » un jeu après en avoir détruit avec une banque de jeux idiots mais captivants.
En 13 heures, je n’ai vu aucune grosse évolution sauf dans les premières minutes alors que je pouvais accueillir des Miis en les créant. La seule évolution est le niveau de joie des Miis mais… encore une fois, pourquoi? Le fait que j’ai trouvé mon compte avec Animal Crossing (depuis Wild World en 2005) ne me permet d’apprécier Tomodachi Life à sa juste valeur sans faire la comparaison. Je dois avouer qu’après chaque partie ordinaire, j’ai mis le jeu en marche pour voir si les Miis avaient une petite nouveauté. Je ne peux donc nier que j’ai accroché sans être réellement comblé parce que je faisais face à un mur soit la monnaie ou bien parce que les Miis dorment… et que le sens de créativité est très limité. Le jeu fait ce qu’il a à faire… mais il ne change pas les normes ou ne les dépassent pas et le joueur a très peu d’impact au final. Si vous n’avez jamais joué à un simulateur de vie virtuelle et que vous êtes bon dans la langue de Shakespeare, Tomodachi vous conviendra. Mais le problème, c’est qu’il en fait si peu pour réellement être captivant. Oui j’ai accroché… mais au bout de ces 13 heures, c’était généralement un sourire forcé.
Verdict: 6/10
Points positifs:
- Belle porte d’entrée pour découvrir le genre simulation!
- Certains moments d’interaction comiques!
- Très accessible et simple d’approche dans les interactions!
- Le synthétiseur de voix est vraiment hilarant!
Points négatifs:
- Jeu non disponible en français…
- Le jeu ne laisse pas le joueur user de créativité (créer du linge, choisir des emplacements sur l’île)… dans un jeu de simulation…
- Aucun réel sentiment d’accomplissement ou d’avoir un impact sur l’évolution…
- Doit faire la compétition contre deux mastodontes du genre…
- Aucune place au mariage gai…