Viva Metroidvania! Un genre qui n’est pas inconnu. Il s’agit d’un concept hyper simple mais implique beaucoup de travail en termes de design et d’originalité. Guacamelee est arrivé l’an dernier sur les consoles de Sony et sur PC et a fracassé la galerie. Voilà qu’une nouvelle édition du jeu, Super Turbo Championship Edition, vient d’arriver pour les utilisateurs PS4, Xbox One, Xbox 360 et, grand bonheur, Wii U.
Guacamelee est un jeu d’exploration misant également sur un système de combat basé sur la lutte avec des fiers à bras mexicains. Ceci est une véritable caricature de la culture mexicaine par les génies de Drinkbox Studios, studio établi en Ontario. Alors que les morts envahissent une petite cité du Mexique où réside un fermier du nom de Juan Aguacate, la fille d’El Presidente est kidnappée. Carlos Calaca tue alors Juan mais celui trouve le moyen de revenir à la vie en se dotant d’un masque lui confiant des pouvoirs de lutteur. D’un certain point de vue, j’ai bien aimé la présence de Carlos Calaca et son évolution. Il occupe une bonne place de l’histoire afin de mieux nous préparer au combat ultime contre l’antagoniste.
Le joueur est aux commandes de Juan qui doit parcourir les divers mondes près de sa ville, des montagnes en passant par des cavernes et des usines de production de squelettes servants de Carlos. Étant donné que Juan a le masque, il peut donc se servir des pouvoirs qui lui sont confiés pour combattre l’armée de Carlos. Le masque lui confiant le pouvoir de parcourir le monde des morts et des vivants… et des morts-vivants (pas de zombies), ce système ajoute une mécanique de labyrinthe forçant le joueur à explorer tous les recoins à la recherche de monnaie pour activer des pouvoirs en plus de trouver ces pouvoirs via des statues Choozo appartenant à un maître qui prend l’apparence d’une chèvre… Ouais, assez ridicule tout ça mais ça fonctionne!
Très tôt dans le jeu, Drinkbox assume les racines du genre en plaçant de bons clins d’œil à Metroid et en reprenant la base du célèbre jeu d’exploration de Nintendo. On court, on saute et on frappe. Une fois la base acquise, on récupère une panoplie de pouvoirs en détruisant les statues Choozo. Ces pouvoirs sont généralement activés avec le bouton A selon la direction du joystick permettant donc à Juan de frapper des blocs de couleur correspondant à l’attaque. Le tout résulte en une série de labyrinthes et de sections de plateformes mélangeant combats et talents d’acrobate.
Je disais dans la critique de Strider que les combats rapides aidaient énormément le jeu face à d’autres titres qui se contentaient de faire peu avec le potentiel (Mirror of Fate ou Arkham Origins Blackgate). Guacamelee a fait pareil sinon mieux (après tout, Guacamelee est arrivé avant Strider) avec un système de combat vraiment divertissant et facile à assimiler. On frappe avec le bouton Y, on saute avec le B et le ZL nous permet d’esquiver un peu à la façon Smash Bros. Après l’obtention d’un nouvel objet, une petite indication vous permet de savoir quel bouton appuyé comme dans tout bon Metroidvania pour ainsi ne plus apparaître. L’une des fonctions qui rappelle étrangement Kirby est le fait de passer d’une plateforme à l’autre vers le bas (des plateformes minces) en tenant le joystick avec le bas pour ensuite appuyer sur B. L’une des nouvelles fonctions, le Intenso, est une augmentation temporaire de vos pouvoirs après avoir rempli une barre d’énergie sous votre stamina ce qui vous permet de donner de plus puissants coups mais il faut bien sûr la remplir. Ce pouvoir est optionnel mais certains combats sont si tordus (contrairement à Batman Arkham) que vous ne devriez pas le négliger. La possibilité d’attraper les ennemis et faire un suplex en plus de toutes les attaques débloquées démontre la profondeur du système de combat ce qui est la plus grande force de Guacamelee si on exclut l’emphase sur le système d’exploration.
Alors que l’histoire progresse, on en apprend plus sur les réelles motivations et les origines de Carlos au point de se faire transformer en poulet. L’horreur! Bref, au lieu de rester dans cet enfer avant de finir numéro 2 chez St-Hubert, vous dirigez votre coq vers une sortie évidente pour finalement apprendre que vous pourrez utiliser cette métamorphose pour passer dans des tunnels et découvrir des passages secrets… Bref, une belle adaptation de la mécanique de la Morph Ball. Par la suite, on gagne encore plus de pouvoirs comme un super-poing horizontal, le pouvoir de sauter depuis les murs, des double-sauts… tout ça pour pouvoir explorer les moindres recoins et combiner les pouvoirs exige une maîtrise totale du gameplay.
Les défis de plateformes sont intenses, les combats sont délirants mais plus on avance, plus on voit que les ennemis vont s’adapter malgré le sentiment de répétition. Ils auront des attaques différentes et se doteront parfois d’un bouclier afin que vous ne puissiez pas les frapper. Vous pourrez toujours esquiver grâce à ZL ce qui vous permet de gagner un maximum d’argent après les combos et vos combats. Pour détruire le bouclier de votre ennemi, vous devrez le frapper avec une attaque selon la couleur correspondante. Cependant, là où ça m’a perdu… c’est le très grand nombre de combats en cage. Bien que les combats ne perdent pas trop de leur rythme, cela peut devenir très redondant surtout lors de speed runs (le jeu est rudement bien adapté pour ça grâce à un level design impeccable ce qui nous permet d’utiliser une technique différente pour atteindre une plateforme). Les ennemis finiront par adopter de nouvelles stratégies en se téléportant ou en ayant d’autres soldats dans l’autre dimension, etc. Si vous aimez les combats en cage, vous trouverez un secteur dans le jeu qui s’apparente aux cavernes de défi à la Zelda où vous aurez des étages d’ennemis à combattre et vous devrez avoir une habileté nécessaire afin d’accéder aux autres étages. Bien sûr, vous serez tout de même récompensés.
Malgré que ce soit une sacrée caricature, j’ai beaucoup apprécié l’ambiance et la pâte graphique associée au jeu. Cela donne une personnalité à Guacamelee bien qu’on voit les éléments de Metroid. Les environnements sont vastes, colorés et le fait de pouvoir passer d’un monde à l’autre grâce à la nouvelle fonction de Shadow Swap puisque Juan passe du monde des morts à celui des vivants ce qui augmente les capacités en termes d’énigme et de successions de plateformes. La bande sonore est également superbe bien qu’elle soit sobre. L’écriture est également un délice avec des références aux gags du Web et les petites annonces de Mutant Blobs Attack (petit placement de produit).
J’ai pu expérimenter le jeu en mode 2 joueurs et malgré certains jeux de caméra, on a effectivement pu se débrouiller pour traverser les énigmes. Contrairement à tous les jeux de plateformes à la Mario où tous peuvent s’attaquer entre eux, on s’adresse à des joueurs sérieux qui veulent tout découvrir. Les personnages ne sont pas uniques sauf en apparence et en genre. Le joueur 1 peut d’ailleurs choisir des costumes différents ou jouer avec le personnage féminin ce qui est, avouons-le, quelque chose de bien. Cependant, je dois admettre ne pas avoir autant apprécier l’expérience puisque je vois mal un Metroidvania se jouer en multijoueur malgré l’implentation de ce mode. Toujours du plus, c’est tant mieux. Le principal point fort du mode multijoueur est que le joueur 2 peut entrer et quitter la partie à sa guise sans fermer la partie du joueur 1 et les combats deviennent plus difficiles car les ennemis prennent encore plus de dégâts même si les caractéristiques sont les mêmes pour chaque joueur.
Étant donné que j’ai joué sur Wii U, je dois évidemment vous expliquer la grosse différence face aux compétiteurs. Le GamePad est mis à contribution lors du gameplay car il vous offre la carte sur l’écran du GamePad vous permettant de naviguer d’un glissement de doigt. Malheureusement, pour les rapprochements, il faudra mettre le jeu sur pause mais cela est utile pour bien estimer le temps que ça prendra pour franchir la section ou autre. Cela est, bien sûr, un avantage considérable par rapport aux autres versions même si vous vous retrouvez avec la même expérience de jeu.
Avec une expérience qui peut s’étendre sur un peu plus de sept heures selon votre expérience (peut-être le double ou le triple), Guacamelee : Super Turbo Championship Edition est une grosse extension pour plusieurs mais ceux qui comme moi n’ont jamais découvert le titre original, ne devraient pas manquer ce jeu. Maîtrise du genre Metroidvania en ajoutant sa propre personnalité, belle direction artistique, superbe iconographie, bon sentiment de progression… Drinkbox Studios a compris les éléments de ce qui faisait de Metroid un succès malgré les combats en cage un peu redondants.
Les éléments de changement de dimension rajoutent à la difficulté déjà existante et l’éventail de pouvoirs font de Juan un personnage simple mais extrêmement complexe. La fierté de réussir à passer un couloir ou une tour de pièges est là. Le jeu n’est pas trop sévère en ce qui concerne les points de contrôle et les petits échecs. Le GamePad apporte beaucoup à l’expérience initiale du jeu. Et avec toutes les références à Metroid, l’Internet ou même les sous-titres des jeux de Capcom, on voit que le studio ontarien aime l’autodérision. Cela prouve à quel point du cœur a été mis dans ce projet. Plusieurs tentent d’imiter Super Metroid… Certains ont bien fait, d’autres ont échoué… mais Guacamelee s’offre une identité propre! Bravo Drinkbox!
Guacamelee : Super Turbo Championship Edition est disponible gratuitement en juillet pour les détenteurs d’une Xbox One avec le programme Games for Gold. Il est également disponible sur PS4 et ceux qui passeront à la version PS4 depuis la PS3 pourront débourser un petit montant et la version Wii U peut être jouée sans problème à même le GamePad. Pour 15$, vous avez un excellent jeu!
Verdict: 9/10!
Points positifs:
- Une identité propre tout en combinant les références et la présentation de Metroid!
- La profondeur du système de combat!
- Les mécaniques du Metroidvania sont maîtrisés grâce au labyrinthe!
- Excellente iconographie pour différencier nos attaques spéciales!
- L’ambiance caricaturale de la culture mexicaine et l’autodérision!
- L’intégration du GamePad permettant de consulter la carte!
- Sentiment de progression avec des ennemis qui s’améliorent!
- Une difficulté qui se fait sentir contre les bosses!
- Les costumes spéciaux changent le gameplay et on peut choisir le personnage féminin!
Points négatifs:
- Multijoueur correct mais peu efficace lors des séquences de plateformes… Qui fait quoi?
- Combats en cage redondants… qui brisent un peu le rythme entre exploration et action…
Fiche:
- Nom: Guacamelee! – Super Turbo Championship Edition
- Développeur: Drinkbox Studios/Broken Rules
- Éditeur: Drinkbox Studios
- Genre: Action/Plateforme
- Disponible en téléchargement sur: PlayStation 3 et PS Vita, Gold Edition sur PC, Super Turbo Championship Edition sur PS4, Xbox 360, Xbox One, PC (21 août) et Wii U (version testée)
- Classement ESRB: E10+ pour 10 ans et plus
- Joueurs : 1-2 (co-op en local sur même écran)
je vais recommencer à easy, ca devient vraiment trop tuff