Alone in the Dark est considéré pour plusieurs comme étant le précurseur dans le genre horreur-survie. Certains disent que Resident Evil a pris la formule mais au final, c’est Resident Evil qui a eu le succès. La tâche revenait donc à Alone in the Dark de reprendre le flambeau et être le « light bringer », le « fucking universe » pour finalement se brûler vif… La première question que vous posez : pourquoi ai-je joué à ça? Tout simplement parce que je veux comprendre ce qu’est un mauvais jeu et qu’il est important de les évaluer pour le bien de cette industrie… et qu’il y a place à l’objectivité. Et, objectivement, Alone in the Dark est un jeu immonde.

Version Xbox 360 testée.

Ce qu’Eden Games aurait dû faire pour Alone in the Dark, c’est de regarder le remake de Resident Evil et… faire un remake du jeu original. Le jeu de 92 mettait en vedette Edward Carnby, un enquêteur du paranormal dans le manoir Derceto alors qu’il a mené l’investigation sur le suicide de Jeremy Hartwood. Le jeu présentait aussi une protagoniste, Emily Hartwood qui est la nièce de Jeremy Hartwood. Le jeu misait sur des mécaniques de puzzles où le joueur devait user de sa tête et tout pour avancer dans le jeu à l’aide de plans cinématographiques… ce que Resident Evil a fait en 96. Je n’ai pas joué à Alone in the Dark (ou Sweet Home et Clock Tower) au moment de découvrir Resident Evil.

Alone in the Dark par Eden Games efface tout les éléments du jeu d’Infogrames (oui, ils ont déjà fait un bon jeu semble-t-il) pour en faire un jeu d’action hybride avec tout ce qu’il ne fallait pas faire en 2008… en même temps! Super Mario Galaxy a relancé le style plateforme 3D, BioShock était au sommet dans le FPS et Dead Space arrivait comme jeu d’horreur pour faire compétition à Resident Evil 4. Le jeu évalué vient d’ailleurs copier Resident Evil 4 sans nécessairement l’améliorer dans ses aspects les plus importants, prendre la combinaison d’objets à la BioShock pour du combat en FPS et du plateforming mal designé qui est loin de Super Mario Galaxy (ou même Metroid Prime 3 si on parle de plateforming en first-person, un jeu de Wii datant de 2007). On se retrouve cette fois-ci dans un jeu en troisième personne avec des mécaniques de première personne… en plus de défis de plateformes…  ce qui fait trois schémas de contrôle à maîtriser… ou quatre si on considère les séquences de conduite et comme diraient nos personnages du jeu: what the fuck?! Autant vous signifier l’absence d’éléments d’horreur dans le jeu.

Avant d’énumérer le paquet de problèmes, autant dire les points positifs dans les mécaniques… Et je crois malheureusement qu’il y en a qu’un seul et c’est le feu… ou deux points si on inclut la musique… Mais c’est le meilleur point! Dans la jouabilité, le feu joue un rôle important pour les puzzles, les déplacements, le combat, etc. En effet, vous pouvez utiliser le feu lors des séquences de plateformes comme une lampe torche temporaire avec des objets enflammés pour traverser des ponts au-dessus de crevasses, vous devez brûler les corps de vos ennemis en les transportant vers des flammes ou avec des armes enflammés afin de les éliminer de façon permanente (Resident Evil Remake l’a fait avec les zombies), vous devez éteindre le feu avec un extincteur (en vue première personne)… et honnêtement, ça fonctionne! En plus, l’effet est superbe de temps en temps. L’interactivité et l’abondance du feu font de cet aspect un élément impressionnant d’Alone in the Dark.

Malheureusement, ce sont les contrôles qui viennent ruiner la majorité des mécaniques. Le premier schéma qui devait copier Resident Evil 4 avec un mouvement de tank ne fonctionne pas comme on veut. Lorsqu’on choisit une direction, notre personnage se tourne carrément comme dans un jeu de plateforme… et cela rend ces mêmes sections frustrantes puisqu’on ne semble pas avoir notre perso totalement en parfait contrôle… Cependant, lorsqu’on tient un objet que ce soit un morceau de porte, une arme comme une hâche… ou un clavier… LÀ on se retrouve avec un schéma qu’on connaît… celui de Resident Evil 4 et Dead Space… Tiens donc!

L’autre élément intéressant d’Alone in the Dark est la combinaison d’objets pour faire des cocktails Molotov ou bien des balles incendiaires. Encore une fois, du feu. Bien sûr, ce n’est pas la simplicité de The Last of Us sorti en 2013 mais l’idée de faire le tout en réel à même le manteau du personnage… c’est intéressant. Bien sûr, cela amène un autre problème majeur. Notre personnage peut parfois souffrir d’une coupure qui peut mener à une hémorragie et doit absolument utiliser un pansement (des bandages) pour couvrir la plaie et vous avez précisément 7 minutes. Bref, si votre inventaire ne contient pas de bandages ou que vous n’êtes pas assez rapides pour en trouver… vous êtes fait.

La mécanique de première personne fonctionne bien pour éteindre le feu ou certaines énigmes où le joueur doit appuyer sur RS (Right Stick) pour faire en sorte que le personnage ferme et cligne des yeux afin de rendre sa vision plus nette à certains moments du jeu. Comme le combat se passe généralement en première personne, on devient frustré de la lenteur de la visée et malgré la combinaison d’objet pour le combat, on se met à souhaiter d’avoir une véritable copie du système de Dead Space sorti la même année. Le combat en troisième personne… on a l’objet en main et on fait les mouvements avec le joystick droit pour frapper nos ennemis ce qui est effectivement bizarre… pour finalement être désagréable. Cela rend les combats ridicules… Forcer l’innovation, c’est pas nécessaire…

Le système de combat amené dans Alone in the Dark va certainement frustrer les irréductibles de Zelda ou même ceux qui ont vu l’excellent Arkham Asylum. Bien que le système mise sur un bouton de verrouillage, aucune attaque n’est réelement précise : il faut balancer le joystick droit d’une direction à l’autre et les impacts et le recul sont totalement absents ce qui ne vous permet pas de savoir si votre coup a été efficace… ou horrible. Cela rend la majorité des confrontations trop faciles, difficiles pour ne pas dire impossible à certains moments ce qui force le joueur à user des munitions de feu… et avec le système de visée automatique et l’intelligence artificielle hasardeuse… et le fait que vous pouvez être coupé sans avoir de pansement… ARK!

Mais ce n’est pas le pire… Autant vous parler du quatrième système de contrôle : la conduite de voiture… et c’est tout simplement affreux. La première séquence alors qu’on sort d’un stationnement (parce que le début du jeu se passe dans un hôtel)… on sait pas où on va puisque la majorité des jeux présentant des séquences de conduite propose un léger itinéraire ou un chemin bien clair à emprunter. Une fois à l’extérieur, ce qui nous poursuit depuis le début (des craquelures qui provoquent la destruction de l’environnement) nous pourchasse encore et c’est là qu’on réalise que notre voiture est si légère que les gens qui aiment les simulateurs seront extrêmement furieux. Ces séquences sont absolument imprécises et servent à démontrer une grosse faiblesse dans la physique et même dans le chargement des textures et des modèles pour permettre au jeu de continuer sans problème ou même de bugs… Un moindre impact sur une voiture sur la route ou même sur un mur et un poteau réduit vos chances de réussite et les séquences de sauts avec les changements de perspective de caméra ne viennent que rajouter de la confusion. Certains débris venant faire obstacle vont carrément bloquer la voiture forçant le joueur à recharger sa partie depuis le dernier point de contrôle. Et dire qu’Eden Games est le développeur des Test Drive…

Bien que la majorité des séquences du jeu peuvent être tolérés, c’est dès le chapitre 7 que tout s’écroule puisque le jeu se force à nous envoyer les meilleurs unités ennemis contre nous alors que, si nous recommençons depuis le début d’un chapitre ou qu’on charge un fichier… on perd notre inventaire! Oui! Ce que vous collectionnez pourrait ne plus être en votre possession et le fait d’avoir des objets importants à la complétion du jeu qui viennent immédiatement occuper une place dans votre inventaire… on est loin du système de coffre de Resident Evil ou même The Legend of Zelda… ou Metroid Prime… ou tous les bons jeux qui requierent des objets importants pour une mission. Le chapitre 7 nous pousse à explorer l’aire ouverte pour brûler des racines qui vont augmenter votre vue spirituelle afin de progresser dans le jeu mais chaque racine donne deux ou trois points… alors qu’il faut 75 points… Ceci est ce qu’on appelle du remplissage : cela veut dire que ça allonge la durée de vie du jeu de façon artificielle. Avec cette aire beaucoup trop grande qui n’a réellement aucun rôle d’importance (avec aucun sentiment de satisfaction pour explorer), la conduite de voiture, les ennemis éparpillés et les objets limités… ce moment qui brise la linéarité vient tout simplement faire mal au jeu. Et je dois avouer qu’à partir de ce moment… j’ai abandonné… Tous les mauvais éléments du jeu ont eu raison de moi en un chapitre tout simple…

Maintenant, passons aux trucs « subjectifs ». Graphiquement, le jeu est inférieur à BioShock qui utilise le même engin Havok et on parle d’un jeu de 2008 dans le cas d’Alone in the Dark. Bien sûr, Atari n’a pas les mêmes moyens que 2K mais ça reste inexcusable. Si certains jeux de décor sont bien ou encore le feu qui est régulièrement magnifique, tout le reste tombe à plat. La plus grande insulte, c’est lorsque notre personnage est blessé et qu’il y a littéralement des morceaux de peaux collés sur son linge… Cela se voit lorsqu’on guérit le personnage avec les outils de premiers soins. Et cela ne permet pas au joueur de savoir si le personnage est sur le point de mourir… sauf si l’image prend un ton gris (et le jeu joue beaucoup sur les teints de gris). Si la musique est plus qu’acceptable, les voix sont absolument ridicules… C’en est pathétique que c’est bon au nombre de f-word… On se croirait dans The Room mais en mieux… C’est sans compter le bestiaire non-inspiré et des combats de boss ridicules absolument répétitifs et non-satisfaisants où il faut balancer des objets inflammables et les tirer dans une mécanique de ralenti… Cliché au maximum…

L’histoire? Tiens, j’ai oublié d’en parler… Parce que le personnage a lui-même oublié son identité jusqu’à ce qu’on lui dise qui il est donc à quoi bon en parler. Sans regarder la boîte du jeu, on ne peut pas savoir avant le chapitre 3 que le personnage principal est nul autre qu’Edward Carnby, ce même enquêteur qui était apparemment disparu à un moment de la série et réapparu en 2008 (tiens donc)… pour finalement être un personnage impossible à apprécier tout comme Sarah avec une entrée en scène ridicule (My rescuer is more fucked up than I am). J’aurais aimé voir les sous-titres… Je crois aussi qu’Eden Games aurait dû engager un meilleur scénariste pour les dialogues.

Edward Carnby doit résoudre l’énigme d’une pierre spirituelle qui ramènerait Lucifer, le diable, à la vie. Pour ce faire, il découvrira que les ténèbres ont envahi Central Park… et c’est tout. Le tout est une avalanche de détours ridicules pour nous proposer un « jeu ». C’est sans oublier le système épisodique qui peut faire en sorte qu’on saute des passages du jeu… pour finalement tomber dans des pièges sérieux car notre inventaire est vide…

Malgré l’utilisation du feu et un bon système de combinaison d’objet, Alone in the Dark ne vient tout simplement pas atteindre le calibre établi par Dead Space ou même Resident Evil 4 (un jeu de 2005) ce qui est pas du tout acceptable. Le fait de proposer plusieurs schémas de contrôle sans réellement avoir un focus complet sur un genre vient tuer le jeu et c’est sans oublier le « open world ». Trop, c’est comme pas assez. C’est dommage car le jeu avait le matériel pour être bon… il avait aussi besoin de meilleurs testeurs car au moment d’avoir pris une corde avant de descendre dans une sorte de grotte, j’ai fini par faire du parkour (marcher sur un mur) et je n’ai jamais autant ri d’un bug depuis Super Mario 64… Je pense que c’était réellement le meilleur moment du jeu. Je sais qu’il y a deux fins… dont une avec la fameuse réplique: « I’m the light bringer, I’m the fucking universe! » Bref, trop c’est comme pas assez. Les points positifs ne rattrapent pas la médiocrité du reste dans ce jeu d’environ 5 heures.