Il y a de ces jeux que l’on voudrait aimer, juste à la vue d’une capture d’écran ou de l’image sur la boite. On se fait une idée préconçue de ce que la jouabilité sera. The Firefly Diary est un peu comme ça. Dès l’ouverture, j’étais vendu, par contre, comme autre chose dans la vie, c’est avec le temps qu’on réalise qu’on a fait un mauvais choix.

Le dessin des entre-scènes est superbe.

Le dessin des entre-scènes est superbe.


The Firefly Diary nous présente Mion, une petite fille qui n’a pas beaucoup de verbe ni de volonté. En fait Mion ne fait que suivre le curseur qui est une petite mouche à feu (firefly). Le curseur se déplace à l’aide de notre doigt sur l’écran tactile avant ou avec l’écran arrière lorsque l’on bascule dans le monde des ombres. Je reviendrai plus tard sur les contrôles. La mécanique n’est pas sans me rappeler l’excellent Dokuro sortie en 2012 lui aussi sur la PSVita, dans lequel on doit guider une princesse à travers tous les pièges d’un château. Mion est peut-être aussi une princesse, après tout, elle a ce qui ressemble à des bois de cerf sur la tête. Mion se réveille au fond d’un puits dans une usine insalubre et glauque remplie de machinerie et d’interrupteurs. Ici encore, impossible de ne pas y voir un autre jeu comme Stealth a Clone in The Dark, ou encore Machinarium pour l’ambiance. Même si le jeu ressemble à autre chose, il est un des rares jeux qui tente d’utiliser les commandes tactiles uniquement, dans ce sens Firefly ressemble un peu plus à Escape Plan.
Ici Mion est inconsciente, ce qui rend les chose plus facile, bizarrement.

Ici Mion est inconsciente, ce qui rend les chose plus facile, bizarrement.


Bon assez avec les ressemblances et plongeons dans le jeu. Comme vous avez déduit, Firefly nous demande d’activer des mécaniques et de résoudre des séries de casse-tête afin de permettre à Mion de sortir de cet endroit et retourner chez elle? En fait, on ne sait pas trop ce qui se passe, et c’est un problème, parce que contrairement à Limbo (un autre jeu similaire) ou l’on nous appâte avec une silhouette humaine que l’on tente de rejoindre sans cesse, Firefly ne nous donne pas beaucoup de raison de compatir avec le sort de Mion. On ne sait jamais si l’on est près du but, où quel est ce but. Pour cela, il y a les mémoires, de petites fleurs roses que l’on peut ramasser, qui nous donnent accès à un monde isométrique pixellisé. Dans ces mini missions, Mion doit accomplir une tâche afin de retourner dans le jeu principal. La première mémoire semble nous indiquer que Mion est dans une sorte d’hôpital, sans ses bois sur la tête. Aucun ne dialogue ici pour interagir avec les autres personnages (ou le chien), seulement des bulles avec des pictogrammes. Est-ce que tout ceci est un rêve? Est-ce que Mion est dans un coma? Impossible de savoir sans finir le jeu. Le problème avec les mémoires, c’est que hormis la première, elles ne sont pas accessibles, vous devrez les chercher ou accomplir les niveaux de façon différente afin de les atteindre. Ça veut dire recommencer très souvent ou tout simplement ne jamais connaitre le passé de Mion.
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Si l’esthétique de départ est très bonbon, ça déchante assez vite.


Parlant de difficulté, The Firefly Diary n’est pas un jeu facile. Ne vous laissez pas avoir par l’imagerie de poupée, certaines sections risquent de vous faire lancer la PS Vita contre le mur. Mais ça, c’est jusqu’à ce que je me décide de changer les contrôles pour utiliser les boutons au lieu des écrans tactiles. Car oui, il semble que les programmeurs du jeu ont réalisé que les commandes tactiles ne font pas vraiment toujours le travail. En fait, il y a certains moments où elles travaillent contre vous. Même avec de petits doigts comme les miens, on cache le personnage et il devient difficile de voir si l’on fait contact avec une scie ou un ennemi. Ah! Les ennemis, ils sont partout et il est difficile de comprendre comment ils font pour nous toucher. Même si ils sont des ombres, il semble que le fait de nous toucher, ou de toucher notre ombre nous renvoie direct à la case départ. J’ai essayé d’expérimenter en bougeant les ombres avec le curseur (en déplaçant la mouche à feu, source de lumière du jeu), mais même quand l’ennemi était au-dessus de ma tête je me suis fait trucider.
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Une fois sortie de l’usine, vous pourriez pensez que vous êtes en sécurité…


Si jusqu’à maintenant vous n’êtes pas convaincu que le jeu n’est pas pour les enfants, je vais simplement vous dire que chaque mort génère une énorme éclaboussure de sang dans l’écran. Je trouve ce choix un peu bizarre, parce que le jeu pourrait facilement s’adresser à un public plus jeune avec son style graphique et sa simplicité de contrôle. De plus ça casse avec le reste de l’esthétique et je vais passer par-dessus les petites filles pendues aux arbres. Le monde des ombres, que je mentionnais plus tôt, nous permet de déplacer une autre mouche, afin d’activer des mécanismes. Par contre, le petit point rose ne peut se déplacer que sur les surfaces ombragées. Vous devrez bien synchroniser ces actions, car a certains moments plusieurs éléments doivent s’aligner un avec l’autre afin de créer un chemin pour « altermouche ». Cette tâche est rendue plus compliquée, avec les commandes tactiles, puisque l’écran arrière ne répond pas aussi vite et bien que le bouton Triangle en mode traditionnel. Côté sonore, on n’est pas très gâté. Une bande sonore musicale très ambiante avec pardessus, les mêmes effets sonores qui se répètent. Sans dialogue ni sons venant de la bouche de Mion c’est un peu vide, mais ça fonctionne bien quand même.
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le tableau avec les ventilateurs est très problématique avec, de façon aléatoire, des endroits où Mion reste accrochée dans le décor sans que l’on ne puisse rien y faire.


Est-ce que j’ai aimé le temps passé dans The Firefly Diary? Je ne cacherais pas que certains moments oui. Est-ce que j’y retournerais? Probablement jamais. En fait si The Firefly Diary donne envie de jouer à quelque chose, c’est plutôt de retourner jouer à tous les jeux que j’ai mentionnés au début de l’article.
Points forts :

  • L’univers glauque et superbement dessiné.
  • Un jeu difficile, mais faisable.
  • Possibilité de basculer des écrans tactiles aux boutons de la PS Vita à tout moment.
  • Le jeu ne réinvente pas le genre, mais combine bien des choses déjà vues.

Points faibles :

  • Contrôles tactiles qui ne donnent pas une impression d’être en contrôle!
  • Mémoires sont difficiles à atteindre, mais elles sont pourtant une importante partie de la maigre histoire.
  • Le jeu aurait dû avoir plusieurs niveaux de difficulté et moins de sang et de cadavre pour ouvrir à un public plus large (il est classé Teen).
  • Presque aucune rejouabilité, sinon de trouver les mémoires. Je doute que beaucoup de gens s’y mettent.

Eric Chamberland
Twitter @chambee