Quelque part en 2010, la meilleure année pour le jeu vidéo dans l’histoire, un jeu d’espionnage est passé inaperçu. Alpha Protocol, un jeu d’espionnage qui nous offrait des choix de dialogues et la possibilité de faire des missions d’infiltration sans utiliser une arme. Tomber dans l’oubli, le style particulier revit aujourd’hui avec un excellent jeu indépendant : Clandestine.
Important: Ceci est une critique du mode solo de Clandestine, il m’a été impossible de tester assez le mode coop dû au manque de joueurs.
Pour apprécier Clandestine, vous devrez excuser plusieurs détails comme les graphismes d’une autre époque, la synchronisation des lèvres avec le texte, des NPC parfois stupides le manque de sauvegardes et une courbe d’apprentissage pas évidente. Malgré tout, il y a ici quelque chose pour le joueur qui désire prendre son temps et planifier une infiltration au lieu de défoncer des portes.
Clandestine nous met dans la peau de Katya Kozlova et Martin Symborsky. Elle, agente sur le terrain ; lui, pirate dans un camion de livraison. Le tout se passe en 1996 et inclut tous les stéréotypes de l’époque comme le look grunge de Katya et le modem téléphone. Recruté par une agence mystère qui enquête sur la disparition d’agent secret de la CIA et du FSB, nos deux héros se séparent donc la tache de récupérer différentes informations pour éclaircir ce mystère. Le mode multijoueur propose à deux personnes de jouer chaque mission de façon asymétrique avec Martin qui doit pirater les ordinateurs, les caméras de sécurité et les codes de portes. Katya elle se doit de se faufiler à l’intérieur du bâtiment et retrouver les dossiers papier (1996 !) et installer des modems sans-fils sur les ordinateurs inaccessibles à Martin. Le jeu reste le même dans le mode solo, avec quelques subtilités pour aider un joueur seul à gérer les deux interfaces complètement différentes.
Les déplacements de Katya se font en vue à la troisième personne, alors que Martin ne peut voir ce qui se passe qu’au travers de la caméra montée sur Katya ou les caméras de sécurité. Les deux obstacles majeurs, et qui nécessiteront la majorité de votre attention sont les caméras de sécurité et le personnel de sécurité. Oublier de désactiver ou de tourner une caméra et Katya sera détecté en quelques secondes, envoyant par le fait même une armée d’agent à votre position. Similaire avec les gardiens, qui feront feu automatiquement si vous avez votre arme à la main. Katya doit donc prendre les gardiens par l’arrière avec un choix de les neutraliser de façon pacifique (zzz) ou bien de les envoyer au cimetière. Si votre choix implique la mort d’un gardien, soit en lui prisant le cou soit en utilisant votre arme, vous serez sermonné lors du débreffage. Chaque déplacement doit être planifié, il est donc nécessaire de basculer en les deux interfaces afin de savoir où sont positionnés les gardiens, et les systèmes de sécurité. Il est aussi pratique de pirater les codes de portes avant de se retrouver devant le clavier, afin d’éviter à Katya de rester trop longtemps dans un espace à découvert. Les objectifs communs sont toujours bien clairs, et si vous en avez le temps, des objectifs secondaires exclusifs à chacun des protagonistes sont aussi disponibles. Entre les missions, vous serez de retour au centre d’opération où vous ferez la connaissance des autres employés de l’agence, et découvrirez le rôle de chacun et ce qu’ils peuvent vous apporter au travers d’un système de dialogue. Si certaines questions peuvent faire réagir les personnages de façon négative, le tout a malheureusement peu d’incidence sur les missions à accomplir. Les lieux de missions sont divers et variés, allant de la tour à bureau classique à un manoir en passant par un port de déchargement et site de construction. Mais dans chaque endroit, la même mécanique : éviter les caméras, trouver de l’information, pirater les ordinateurs et neutraliser les gardes si nécessaires. Certaines missions imposent des restrictions, comme celle dans le manoir où porter une robe vous empêche d’avoir un pistolet et les talons hauts vous empêche de courir.
Si l’histoire se passe en 1996, les graphismes aussi. On n’est pas en face d’une démo de Unreal Engine 4 certes, mais le tout est acceptable puisque la précision des actions et l’immersion ne sont pas influencées par le visuel. Martin lui passe son temps devant un terminal d’ordinateur à regarder du code et des caméras en noir et blanc donc pour lui aussi ce n’est pas très inconvénient. Une des frustrations vient des « hitboxes » les zones d’activation des poignées de portes, de clavier numérique et panneau électriques qui nécessite parfois une danse afin de voir la commande d’activation apparaitre à l’écran. Ça peut devenir frustrant si sa vous empêche de vous faufiler en vitesse avant que le gardien tourne le coin. Par contre cela permet aussi d’exploiter une faiblesse du jeu comme faire des attaques physiques sur les gardiens de façon continue sans interruption lorsque vous êtes collé sur un cadre de porte. Coté sonorisation le tout est minimal, mais fait bien le travail, incluant le fameux bruit de modem téléphone lors de chaque connexion. Ce qui m’a le plus impressionné ce sont les voix, qui pour plusieurs personnages sont très bien jouées. Particulièrement le patron de l’agence avec qui vous avez la majorité de vos dialogues. J’adore aussi que les personnages ne soient pas tous traduits en anglais, comme votre équipementier au sous-sol, avec qui vous avez des conversations en russe (sous-titré en anglais).
Clandestine est un jeu qui tente de couvrir une large panoplie d’action, mais qui reste minimal dans la profondeur et les possibilités. C’est à la fois une force et une faiblesse, car cela rend le jeu accessible, mais on aurait aimé avoir plus d’action comme la capacité de regarder autour des coins de murs. Le plaisir de Clandestine vient de réussir une mission en étant le plus invisible que possible, chaque rencontre avec un garde devient un moment de stress incroyable et on peut rester cacher derrière un classeur pendant de longue minute à analyser les mouvements des gardes afin de réussir nos déplacements. Vous allez vous taper le front à chaque fois que vous allez oublier de désactiver une caméra avant de rentrer dans une pièce ou de refermer une porte derrière vous afin de couper l’angle de vision des gardes. L’histoire progresse très bien et les choses se compliquent lorsque Katya commence à soupçonner certains de ses collaborateurs. Notre base d’opérations est vaste et nécessite une exploration de fond en comble afin de savoir qui est qui et où sont leurs bureaux en lisant les noms sur les portes comme dans la vraie vie.
J’ai bien aimé mon expérience avec Clandestine, même si j’ai dû passer du temps à approfondir toutes les commandes. Je le suggère à tous les joueurs qui cherchent quelque chose de différent et n’ont pas peur d’être nerveux et en sueur à chaque fois qu’ils font une action. Le développeur semble sérieux avec son produit, avec des mises à jour régulières la dernière datant d’une semaine à peine.
Points forts :
· Mécanique unique et système de jeu novateur.
· Histoire et dialogue
· Missions diversifiées
· Jeu asymétrique
Points faibles :
· Le graphisme mériterait d’être plus à la hauteur de notre époque
· La musique est bof.
· Zones d’activation des petits objets difficile à atteindre.
-Eric Chamberland
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