Mai 1990. J’avais 10 ans et j’étais déjà un fan de jeux vidéo. Par contre, je ne connaissais toujours pas la série Final Fantasy. Ce mois-là, Philippe, un ami à moi au primaire m’avait offert de lui échanger 10 revues humoristiques CROC en échange d’une cassette de Nintendo. J’ai dit oui et c’est comme ça que ma passion pour les JRPG est née car ce jeu n’était nul autre que Final Fantasy 1. Depuis ce temps, j’attends chacune des itérations de cette série culte. Et disons que l’attente fût longue pour le dernier, Final Fantasy 15.
Noctis, en tant qu’héritier du Lucis, doit quitter sa ville natale pour aller à un mariage arrangé par son père, qui lui espère ainsi éviter une guerre et garder la paix dans le royaume. Dame Lunafreya de la province impériale de Tenebrea se réjouit de cette nouvelle et attend avec impatience Noctis. Celui-ci se retrouve donc entouré de ses meilleurs amis Gladiolus, Prompto et Ignis dans un road Trip qui deviendra vite rempli d’obstacles. Premier avertissement d’ailleurs : pour pleinement profiter de l’histoire, il vous faudra vous procurer et voir le film Kingsglaive : Final Fantasy XV. Celui-ci vous permettra d’apprendre réellement ce qui s’est passé suite au départ de Noctis car il manque plusieurs explications dans les cinématiques du jeu et c’est ici la première grande erreur des concepteurs. Pourquoi diable nous obliger à acheter un film pour profiter pleinement d’un jeu qui vient de nous coûter presque 100$?
Alors que Final Fantasy 1 nous offrait quatre héros affrontant des hordes de monstres et explorant un monde ouvert, Final Fantasy 15 nous offre la même chose mais avec quatre héros aux allures de futurs stars du pop à la N’Sync. Si le choix est sans contredit un choix orienté pour les joueurs japonais qui adorent ce genre de héros bien habillés, au visage fin et aux allures nipponnes, il faut dire que les joueurs de l’ouest n’en sont habituellement pas très friands. Cependant, ce fut pour moi un vent de fraicheur et il m’a été facile de tomber en amour avec ces quatre héros aux caractères si distincts les uns des autres qu’ils finissent par former un groupe auquel on tient et dont on se soucie du sort. Ceux-ci ne cessent de dialoguer durant le jeu (même si certains dialogues reviennent trop souvent) et de parler de leur amitié, ainsi que de leur passé et nous offrent réellement, contrairement à bien d’autre JRPG, des dialogues dont on se régale du début jusqu’à la fin. Tout au long de l’aventure, leur amitié change, grandit et devient rapidement une complicité rarement vu dans un jeu vidéo. Même si plusieurs allusions au passé reviennent constamment, il vous faudra visionner la série d’animation : Brotherhood pour être en mesure de savoir comment chacun des personnages ont rencontré Noctis et comment cette amitié est née. Encore un choix étrange car cette série n’est même pas disponible sur la version standard du jeu et il vous faudra le chercher et le visionner sur You Tube.
Final Fantasy a toujours été pour moi un jeu avec des combats tour par tour et celui-ci est totalement différent en offrant un système de combat rapide et en temps réel (ou presque). Un bouton pour viser un ennemi et un autre pour faire des attaques constantes sans arrêt sont la principale base des combats. Bien entendu, certaines options de plus sont disponibles comme des attaques éclairs vous permettant de frapper un adversaire au loin et de vous en approcher rapidement pour enchaîner les combos. Cette attaque éclair vous permettra aussi de vous sauver lors d’un combat jusqu’à un point d’accroche où Noctis y regagnera des points de vie et des points d’actions car chacune des attaques éclairs dépensent des points et essoufflera notre héros. Un système de combat plutôt simple mais qui demande une maîtrise pour être en mesure de l’apprécier pleinement car il y a plusieurs petites subtilités. J’ai adoré passer des heures à combattre et à faire des chasses car le système est rapide et plaisant malgré son gros point négatif, l’angle de caméra. Cette dernière semble souvent aller un peu partout et nous fait perdre complètement le nord et on ignore où se trouve exactement Noctis parmi tous ces ennemis. On finit donc par essayer de bouger la caméra dans tous les sens en appuyant sur le bouton d’attaque ou d’esquive afin de survivre et de finir par retrouver la trace de notre héros. La magie joue aussi un rôle un peu trop effacé selon mes goûts comparativement aux autres opus de la série et celle-ci n’est pratiquement utilisé que dans des circonstances dramatiques comme un combat contre un monstre ou boss de très haut niveau. Pour utiliser la magie, Noctis doit recueillir grâce à ses pouvoirs des éléments de feu, de glace et d’électricité. Ceux-ci se combinent avec les items de votre inventaire pour en augmenter la force ou leur donner des particularités distinctes et ne sont utilisables que quelques fois. Une fois épuisée, il vous faut retrouver ces éléments et recommencer.
La première partie du titre vous offre une liberté quasi-totale dans un univers très intéressant qui m’a agréablement plu. Seul petit hic, celui-ci semble vide et incomplet de vie malgré tous les petits détails. Il y a des villages mais ceux-ci ne compte que quelques habitants et souvent les mêmes personnages se retrouvent dans deux ou trois villes différentes pour vous offrir des quêtes annexes les unes après les autres. Qu’on ne me jette pas de pierre ici, je ne dis pas que le titre n’offre pas un excellent univers, mais celui-ci aurait pu être plus animé avec plus que de superbes paysages. Il y a bien entendu des centaines de kilomètres de routes mais celles-ci ne sont pratiquement jamais empruntées et il n’y a donc aucun traffic, si ce n’est que l’on croise une voiture environ aux 5 minutes. Et dieu sait que de la route, vous allez en faire de long en large en écoutant les albums des anciens Final Fantasy que vous pouvez acheter dans les boutiques. Faire plus de 10 minutes de route avec la Regalia en écoutant ces trames sonores en regardant ces paysages incroyables fût une expérience plus que fantastique que je n’aurais pas cru possible au départ car je déteste habituellement me rendre d’un point A au point B. Mais Final Fantasy XV vous offrent un peu la même expérience qu’un jeu comme Skyrim ou Fallout nous offre où l’on peut marcher des heures sans nécessairement rien faire pour avancer l’histoire. Les anciens Opus de la série nous obligeait (souvent à contre cœur) à se promener pour affronter des monstres et augmenter notre expérience, mais Final Fantasy XV nous donne le plaisir de le faire et on en redemande encore plus avec l’une des nombreuses quêtes.
Il y a plusieurs choses à faire et incorporer par les développeurs dans ce dernier titre de la série et le tout se transporte dans la passion de chacun des quatre aventuriers. Noctis pourra acheter de l’équipement de pêche et y passer des heures et des heures. Prompto pourra pendant ce temps prendre des dizaines de photos qu’il vous sera possible de visionner pour vous rappeler votre aventure. Gladiolus, quant à lui, aime bien marcher et plus vous le ferez, plus heureux il sera. Et lorsque vous dormirez dans l’un des campements disponibles à la pleine lune, question de récupérer les points d’expériences que vous aurez accumulés durant le jour, Ignis se fera un plaisir de vous préparer l’un de ses fameux et succulents repas qui vous donneront des atouts supplémentaires pour affronter la prochaine journée. Ajoutez à cela plus d’une centaine de quêtes secondaires, une machine à boule style RPG, des courses de chocobos et des donjons abritant des combats exceptionnels et vous avez un jeu pouvant vous tenir occupé pour plus d’une soixantaine d’heures.
Je voulais terminer absolument le jeu avant de me lancer dans cette critique. Après tout, la force des jeux de Square Enix se trouve souvent à être leur histoire ainsi que la personnalité qui en ressort. Côté personnalité, je peux mentionner qu’il n’en manque absolument pas, que les personnages font partie prenante d’un univers qui a été bien présenté même si mal expliqué, que les dialogues sont impressionnants et que le tout est parfaitement bien construit. L’histoire cloche à quelques occasions, mais malheureusement, je ne peux en parler sans dévoiler trop d’éléments, mais j’ai l’impression que Square Enix se garde une très très grosse possibilité de sortir plusieurs contenus téléchargeables ou autres titres dérivés comme il l’a fait avec Final Fantasy XIII. J’espère sincèrement que ce n’est pas le cas, mais l’histoire offre beaucoup trop de questions sans réponses que je suis persuadé que le tout est fait exprès.
Même si le jeu ne semble pas avoir profité de sa si longue conception pour en faire un titre sans défauts, Final Fantasy XV est plus qu’un excellent jeu, il offre quatre personnages attachants qui ont une belle amitié qui se voit tout de suite à l’écran. Ce ne sont que des personnages numériques mais ceux-ci font désormais partis de mes plus beaux moments gaming de 2016. Le jeu souffre de plusieurs défauts mineurs de conception mais qui ne viennent jamais réellement gâcher le jeu.
8.5/10
Twitter : @JackGerms