Un autre jour, un autre jeu de survie sur Steam. Conan Exiles arrivera bientôt, à moins qu’il ne reste dans le purgatoire du « early access » comme ARK et RUST. Il y a beaucoup à aimer dans ce jeu, mais il demande beaucoup de patience et de pardon afin d’y parvenir.
Je vais vous avouez franchement que je ne m’attendais pas du tout à ce type de jeu lorsque je l’ai reçu. Il y a tellement de jeu à suivre que j’avais le souvenir d’un jeu plutôt orienter MMORPG que d’un jeu de survie pur. Ici on est plus proche de Minecraft que de WoW. Sans me plaindre du fait que l’on passe beaucoup de temps à bâtir, car c’est un peu le but du jeu, je dirais que le manque d’options quant au personnage, et la mécanique déficiente de combat font de ce Conan, un fermier plutôt qu’un guerrier.
Si vous avez de la difficulté avec les jeux qui ne vous donne pas un minimum de tutoriel, ce type de jeu n’est pas pour vous. Rien ne vous est expliqué, et c’est avec essais et erreurs (et plusieurs morts) que vous découvrirez ce qui se combine et quelle technologie priorisée. Cela dit, de tous les jeux de ce genre que j’ai essayé – incluant des RPG qui nécessite de faire des mélanges et du bricolage – Conan est relativement simple à comprendre en lisant le menu de construction et les définitions des ressources. Mais, préparez-vous à « grinder » ! Si cela semble une évidence, dites-vous que Conan comporte 3 tiers de technologie qui nécessitent une arrivée incessante de matériaux bruts et transformer afin de vous permettre de soutenir votre style de vie. Vous aurez vite fait de raser les forêts environnantes et d’épuiser les piles de caillou autour de vous. De plus vous devez rester en vie face aux nombreuses créatures qui peuple le monde de Exiles, et surtout vous devrez résister aux autres joueurs, et ce, même en PvE. Car peu importe le serveur (à moins que vous choisissiez de jouer seul et de mettre votre serveur privé), la réalité est que vous partagez ce petit monde avec d’autres, et comme dans la réalité, les autres sont souvent des trous du cul.
Entrons maintenant dans les détails : La première chose auquel vous aurez affaire est une sélection du type de jeu PvE ou PvP, ensuite le type de difficulté qui est représenté par des catégories comme Puriste et Hardcore et Role Play. Ces catégories sont plutôt des guides pour vous diriger vers les serveurs adéquats (des gens qui prétendent vouloir jouer comme vous) que des modificateurs de jeu. En PvE vous serez assassiné même si vous avez choisissez Relax. La sélection du serveur, ressemble à quelque chose sortie d’un FPS des années 2002, avec toute sorte de noms illisibles en L33T et un festival de Majuscules. Faites attention à la description du serveur, mais aussi aux modificateurs qui ont été choisis par le créateur. À quel rythme les ressources se renouvèlent-elles? Peut-on prendre les ressources sur le cadavre des autres joueurs? À quelle vitesse l’expérience s’accumule-t-elle? Il y en a toute une liste, mais vous comprenez le genre. Ensuite, si vous trouvez un serveur qui semble fonctionner et qui a une place libre, espérez qu’il sera encore là lorsque vous reviendrez. En effet, les serveurs officiels sont rares ou inaccessibles au moment d’écrire ces lignes, alors on doit se rabattre sur ceux créer par d’autres joueurs, ce qui vient avec un lot de problème tel que lag, bogues, changement de règles, et un groupe qui peut décider de vous sortir sans avertissement. Il m’a fallu 4 tentatives avant de trouver un endroit qui était relativement stable et qui est encore en ligne après une semaine. Maintenant, vous pouvez faire votre vaisselle de la semaine, les temps de chargements sont interminables.
On arrive dans Conan Exiles comme on arrive au monde : nu. Enfin presque, la création de personnages n’est pas du niveau de Mass Effect ou Fallout, mais il y a assez de choix pour créer un homme ou femme qui vous ressemble (ou pas). Le jeu a déjà fait parler de lui à cause de son sélecteur de grosseur de pénis (ou seins), une chose sur lequel je ne passerais pas plus de temps. Un autre millénaire passe avant que le jeu se charge enfin. Avec peu d’indications vous voilà sauvé de votre crucifixion et nu dans le désert. Un premier contact avec une pierre qui semble extraterrestre ne vous apprend rien de neuf, c’est le temps de ramasser la lettre et la gourde laissée sur la roche (eh oui, ça m’a pris plusieurs fois avant de réaliser qu’ils étaient là) et de suivre la route vers les berges luxuriantes de l’oasis.
Le monde de Exiles n’est pas très grand quand on le compare à d’autres jeux et j’inclus Farcry 4, The Witcher, et Skyrim dans la comparaison. Si vous arrivez dans un serveur peu peuplé, vous réussirez à trouver un endroit libre pour installer votre campement, si vous arrivez dans un endroit où il y a déjà 50 joueurs, votre quête pour un terrain vacant pourrait ressembler à l’achat d’une maison à Vancouver. Les premiers terrains étant souvent déjà choisi, vous devrez passez proche d’autres joueurs qui n’ont pas de problème à vous fracasser le crâne, et ce après seulement deux minutes dans le jeu. Vous avez évité le meurtre gratuit de votre personne? Félicitation, maintenant il faut essayer d’éviter toutes les autres créatures comme les alligators (crocodiles?) qui tentent de vous consommer avant que vous n’ayez eu le temps de fabriquer une hache rudimentaire. Ce n’est pas un problème unique à Conan, les jeux où une base établie de joueurs prend un malin plaisir à faire du « pubstomp » (massacrer des débutants). Mais si un jeu veut étendre sa base de joueur il se doit de mettre en place un système qui laisse les nouveaux joueurs arriver à atteindre un certain niveau avant que les 7 plaies d’Égypte leur tombent dessus. Pour ceux qui persistent et atteindront les 2e et 3e tiers, de belles choses sont offertes, comme la possibilité d’appeler l’avatar d’un dieu pour attaquer nos ennemis. Entre temps, et avant de se rendre à la commande des dieux, vous devrez bâtir un fief, une fortification, un palace, bref une place forte qui vous permettra de résister à l’envahisseur et de garder vos ressources et vos machines en sécurité.
Les créatures et animaux non humains qui peuplent le territoire ne seront plus un problème dès que vous aurez une arme digne de ce nom, comme la masse en pierre ou une lance. Vous serez capable assez tôt (4h) de battre un alligator ou même deux imps. Qui dit croissance économique, dit: besoin de main-d’œuvre. Conan devient rapidement un simulateur de gestion socioéconomique. Il y a tellement à faire que vous devrez « recruter » ou plutôt asservir des Thralls. Les Thralls sont les NPC (personnage non joué) qui peuplent le jeu. En les capturant comme du bétail, on peut les forcer à travailler pour nous, attaquer avec nous et même défendre notre base contre les ennemis. Ils ont tous des spécialités, certain sont des bâtisseurs d’autres sont archers. Rendu à ce point, il est probable que vous aurez mis tellement d’heures dans le jeu que vous serez retissant à attaquer un autre joueur et risqué de vous faire détruire tout votre dur labeur et celui de vos esclaves.
Il est toujours difficile de faire une critique d’un jeu incomplet ou en développement. Ce que je peux dire comme point positif, c’est que la construction de bâtiment est probablement l’aspect le plus intéressant du jeu. La construction d’item et l’arbre de technologie sont relativement simples à comprendre. Je trouve toujours que ce type de jeu serait mieux servi par des tutoriels plus complets, mais il semble que cela fait partie de l’expérience de jeu de rechercher par soi-même, et dans ce sens Conan est bien fait. Il est toujours possible de lire des guides faits par les joueurs pour ceux qui aimeraient arriver dans le jeu avec un peu plus de connaissances.
Les problèmes que je peux voir présentement sont : les serveurs tels que j’ai mentionné plus tôt. La qualité graphique qui est bien en dessous de jeu comparable. La banque de son et l’environnement sonore un peu vide. Bien sûr, la plus grande critique est qu’il y a très peu de Conan dans Conan Exiles. Oublier les films avec le Governator et Grace Jones, il n’y a presque aucune trame narrative et aucune mission ou « Raide » qui vont vous permettre de vous immerger dans l’aventure. Peut-être verrons-nous du contenu orienté dans ce sens dans le futur. Pour l’instant le jeu met l’accent sur la construction et la déco intérieure, pas très virile quand on compare le cassage de crâne et la sélection de draperies.

Bon là je suis mort pour la millionième fois parce qu’un chacal a décidé de joindre la bataille que j’avais entamé contre deux Thralls.
Finalement la question qui tue : Est-ce que Conan vaut la peine si vous avez déjà investi des centaines d’heures et de dollar dans un autre monde comme ARK? Les super fans de Conan, si cette chose existe, ne vont y trouver que des éléments qui composent le visuel de l’univers, mais sans le narratif. Est-ce assez pour attirer des joueurs dans un marché déjà saturé du jeu de survie sur Steam? Reste-t-il des gens intéressés par ce genre de jeu qui n’avait pas encore embarqué dans la parade? Présentement l’accès anticipé semble bien faire avec 52 000 joueurs enregistrés et 16 000 joueurs actifs en moyenne selon steamcharts.com. C’est le quart des plus gros compétiteurs comme Rust et Ark. Mais est-ce qu’ils resteront lorsque Funcom va leur demander 50$ (80$ pour la version Barbarian) pour continuer? Je le souhaite, il y a beaucoup à faire, surtout au niveau visuel, pour donner à ce titre une optimisation qui va régler les problèmes de lag et de pertes de FPS.
-Eric Chamberland
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