Le monde du jeu vidéo est le premier truc que l’on pense quand on entend le mot Geek. Or, le monde Geek est bien plus large que ce qu’offre les entreprises des jeux vidéo de ce monde. Je pars donc à la conquête de nos artistes Geek québécois dans cette chronique, avec le but de promouvoir le travail des gens d’ici faisant partie de la Geek Life. Dans cette chronique, il sera entre autres question de la passion des artistes, de la possibilité qu’ils ont de vivre de leur art, et bien sûr de se présenter à vous avec leurs œuvres, toutes aussi uniques qu’eux.

Pour cette cinquième chronique, j’ai rencontré sur Facebook un artiste littéraire, un bédéiste du nom d’ESBÉ. Pour les gens s’y connaissant moins, un bédéiste est auteur de romans illustrés et, pas systématiquement, dessinateur de ces mêmes livres. Dans le but d’élargir le terme de Geek, je lui ai proposé une entrevue que je vous offre aujourd’hui, il vous fait part de sa passion du dessin et de la littérature.

Expliques-nous-en quoi consiste ton art?

« Tout d’abord, un grand merci pour cette entrevue. C’est une opportunité très appréciée. Mon art consiste en une métaphore en format bande dessinée de mes traumatismes et troubles de santé mentale tels: anxiété, dépression, crise identitaire, existentielle, deuil, etc.

Mon art ne s’adresse pas aux plus jeunes, forcément, mais plutôt aux jeunes adultes et aux adultes en général. »

D’où vient ton amour de la BD? Qu’est-ce qui t’a encouragé à raconter des histoires illustrées?

« Depuis mon plus jeune âge, mon père, ma sœur et moi lisions des bandes dessinées en fin de journée. Ce lien familial m’a permis de toujours avoir un amour éternel envers la bande dessinée. Au début, il y avait Gaston Lagaffe, Tintin, La Ford T, Achille Talon, le Marsupilami et beaucoup d’autres. Majoritairement, j’adorais la BD européenne. C’était le berceau de mon enfance, l’échappatoire au quotidien.

Puis, au fil des années se sont ajoutés des centaines de titres allant de la BD étasunienne en passant par les mangas. C’est cependant lorsque j’ai lu pour la première fois “JTHM” (Johnny The Homicidal Maniac, par Jhonen Vasquez) que mes horizons de ce que je pensais savoir de la bande dessinée se sont élargis! Et pas qu’un peu. Je ne me souviens pas de la première BD québécoise que j’ai lue, mais la défunte revue Safarir m’a initié au potentiel de nos artistes d’ici. Mario Malouin, André GAG Gagnon, Christian Daigle, Serge Boisvert DeNevers et plusieurs autres me faisaient beaucoup rire dès la fin des années 80. Cet amour pour la BD me permet aujourd’hui de croiser certains de ces artistes et de discuter comme nous le ferions vous et moi en live. C’est une chose que mon moi de 12 ans aurait adoré ^_^ . »

Te rends-tu parfois sur des lieux d’événements Geek?

« Absolument. J’aime bien les conventions, les Salons du Livre et tout ce qui touche à répandre l’envie de prendre une BD et de la lire. J’avoue que les Comiccon sont également sympathiques car on y voit les passions des fans à recréer les costumes de leurs personnages favoris. C’est impressionnant de voir autant de talent défiler sur un seul plancher. »

Qu’en retires-tu?

« Aller à la rencontre des gens, entendre les anecdotes de futurs artistes et/ou scénaristes, voir de nouveaux talents émerger ; c’est une joie qui, je pense, se rapproche le plus de celle d’un parent témoin de son/ses enfants évoluant. »

As-tu été mentoré par un Bédéiste?

« Malheureusement pas, mais la vie m’a gratifié de plusieurs amis, connaissances et une famille m’encourageant dans ce cheminement. En ce sens, mon plus grand ralentisseur fut moi. Autour, toutes et tous savaient que j’étais « destiné » à offrir quelques petites BD et ainsi de contribuer très humblement à l’avancée du Neuvième Art.

Au long de ma vie, j’ai eu plusieurs inspirations qui m’ont guidé sur le chemin. Sans avoir eu de mentor, j’ai eu une envie: dessiner. Dès l’âge de six mois, j’avais commencé et jamais je n’ai arrêté. Sans avoir eu accès à des cours ou des classes de quelque sorte, j’ai évolué à mon rythme et nous voici donc à ce jour, près de sept bandes dessinées publiées. Quelle aventure ! »

Quelle est l’œuvre dont tu as le plus de fierté d’avoir fait?

« C’est une excellente question car en quelque sorte, je pense être très fier d’avoir fait chacune d’entre elles à juste titre. Si je devais n’en choisir qu’une, ce serait celle qui aura changé le cours de ma carrière, à savoir Soul Sister. Elle a nécessité moins de trois semaines pour voir le jour et en moins de six mois après son inception, elle était lancée au Salon du Livre de Québec suite à un socio financement couronné de succès.

Soul Sister, c’est une bande dessinée muette de 43 pages relatant une histoire très simple mais qui semble avoir réellement soulevé les passions parmi les lecteurs. Ce sont les commentaires les plus dithyrambiques reçus à ce jour! Ma fierté est d’avoir suivi ce feeling alors que je travaillais sur une idée à venir. Cette voix me disait “dessine ceci”. Puis, la Soul Sister naquit presque instantanément.

Un jour, un compatriote artiste nommé Leif Tande m’a suggéré de créer un projet plus intuitif et émotionnel. De moins planifier les choses. Soul Sister est ma réponse et je suis très fier d’avoir pu entendre ses mots. »

Vis-tu de ton art? Si non, aimerais-tu en vivre?

« Ce n’est pas le cas, mais si j’adorerais pouvoir me consacrer à cela entièrement avec un rythme de vie plus en accord avec mes principes et ambitions. L’idée est de me créer un site Web principal, une boutique en ligne et de créer une mise en marché pour aider à faire connaître davantage les BD que je fais.

Je cherche des sources de financement alternatives pour réussir à vivre davantage et me concentrer sur la BD, car je dois admettre qu’à 46 ans, l’énergie n’est plus la même qu’à 26 et j’aimerais pouvoir moins me casser la tête. En même temps, j’essaie de ne pas me plaindre puisque d’autres n’ont même pas le dixième de ma chance… »

 

Quels sont les services artistiques que tu offres aux gens qui aimeraient faire appel à toi?

« Mentorat, conseiller, cours, conférences, nommez-le. Je les ai presque tous déjà faits et ce fut une belle fierté personnelle. Mais aujourd’hui, je tente de récupérer de 2023 et de son rythme tumultueux qui m’a beaucoup coûté mentalement. »

Aimerais-tu être appelé à te présenter à des événements en tant qu’invité d’honneur ?

« On m’a invité au plus récent Comiccon de Québec et ce fut une superbe expérience. J’ai eu la chance d’animer un panel et d’annoncer un projet à venir par le fait-même. En tant qu’invité d’honneur, je pense ne jamais avoir eu cette opportunité. Bien entendu que je serais honoré de l’être 🙂 »

Faire des conférences sur la BD t’intéresserait ?

« Oh, oui! J’en ai déjà fait quelques-unes, mais je ne pense pas être encore au niveau. Il me manque un peu d’expérience pour être à l’aise. Cependant, je n’hésiterais pas à accepter. Dans la vie, j’ai pour envie de faire le plus possible et une de mes ambitions est d’aider à éveiller les passions, les talents afin que les artistes de demain trouvent une voix et puissent un jour avoir la chance d’être lus. »

Parle-nous de ton prochain album.

« O.K. » est le titre de la prochaine bande dessinée. Il s’agit de suivre les péripéties d’un personnage vu dans mon autre série : Le Bouddha Brisé. Elle se nomme Ophélie et elle est appelée à trouver l’amour là où elle ne l’attendait absolument pas. L’action se passe dans la ville de Québec et il s’agit également de ma première production entièrement en couleur. Toutes mes bandes dessinées précédentes sont en noir et blanc. Pour célébrer dix ans de carrière (et sept bandes dessinées en comptant O.K. 1), je souhaitais me dépasser et offrir aux lecteurs une véritable histoire haute en couleur axée sur la romance, le positivisme et éviter quelques clichés qui me répugnent dans le genre.

Avec tout ce qui se passe dans le monde, je n’avais aucune envie de raconter des anecdotes sombres. « O.K. » est un projet qui s’est imposé juste après avoir bouclé Soul Sister. »

Je suis ta page Facebook depuis un moment, tu nous as fait part de ton amour pour Fanamanga, un commerce de la ville de Québec. Qu’est-ce qui fait de cet endroit un lieu cher pour toi ?

« Les propriétaires de ce lieu m’ont beaucoup aidé par le passé. Certains de mes projets actuels ont pris naissance alors que je fréquentais leur établissement vers 2011-2012. Alors que j’étais dans un creux de vie, Sonia et Jany ont été de grandes inspirations pour ne pas abandonner. Le Fanamanga a également des mangas (surprenant, non ?), des excellents bubbleteas, des onigiris et des délices mensuels créés par le chef Steven. C’est toujours un plaisir de fréquenter l’endroit après toutes ces années. »

Qu’aimerais-tu dire aux gens qui nous lisent?

« N’abandonnez JAMAIS. Je veux lire les bandes dessinées que vous allez créer dans l’avenir ! Votre voix mérite d’être lue, votre trait mérite d’être vu. Lisez, soyez inspirés, et si vous pensez que tout a déjà été dit, laissez-moi vous dire ceci : non. Votre voix, votre talent n’ont pas été vus et entendus encore ; alors remplissez les pages de votre passion. Laissez-vous inspirer par les artistes qui résonnent en vous. Mais de grâce, n’abandonnez JAMAIS ! »

Serais-tu ouvert à des collaborations créatives pour de futurs albums?

«Sans fermer définitivement la porte, je ne sais pas si j’ai ce qu’il faut pour ça. C’est très énergivore de dessiner pour quelqu’un d’autre et d’obtenir un résultat satisfaisant pour les deux parties. J’en serais fort probablement trop épuisé après peu de temps. Il faudrait que le projet soit sacrément intéressant ou qu’on me laisse une certaine marge de manœuvre pour accepter.

Il faut dire aussi que j’ai déjà beaucoup à faire pour boucler les séries en cours et celles qui sont encore à annoncer. Le Bouddha Brisé devrait se conclure au Chapitre 7 et je travaille actuellement sur le cinquième. « O.K. 1 » n’est que le premier d’une trilogie et il y a d’autres idées avec lesquelles je jongle.

Malgré les années au compteur, je me considère encore un novice. Étant auto-publié, je fais donc la totalité, ou presque),des étapes de création. Cela implique que plusieurs aspects méritent d’être révisés. C’est pourquoi 2024 se place sous le signe de la restructuration et du renouveau.

J’espère offrir une plus grande disponibilité de mes travaux aux lecteurs intéressés. L’avenir est donc ouvert aux possibles. »

En conclusion.

Je suis certaine de ne pas être la seule à aimer les BD, tellement intéressant comme œuvre, avec les styles graphiques différents entre chaque artiste, offrant, entre autres, des histoires uniques en tous points. ESBÉ nous a offert ici les mots de sa passion pour son travail de Bédéiste. Il m’a donné le gout d’acquérir toutes ses œuvres et les ajouter à ma modeste collection.

La voie de l’art es souvent parsemé d’embuche, les gens vivant de leurs passions ne sont pas très nombreux dans ce monde, encouragez un artiste local dans la voie qu’il a choisi. Ma chronique as et aura toujours pour but de mettre de l’avant l’art et sont artiste, pour encourager les lecteurs a les connaitre et a les encourager sans limite. Je suis impatiente de voir les prochaines œuvres qu’ESBÉ va nous pondre.

Vous souhaitez l’encourager ? Le suivre sur ses comptes sociaux est gratuit, sinon achetez ses œuvres qui vous seront livrées par la poste.