Les jeux de Team Ninja ressemblent dans la structure aux productions de From Software. On pense à NiOh, Wo Long: Fallen Destiny et voici le petit nouveau, Rise Of The Rōnin. Cette fois, on offre un produit semblable, mais différent dans l’approche et malheureusement, on sent l’inexpérience du studio sur plusieurs points. Il manque l’épice pour faire un succès de la recette et je vous explique pourquoi.
Fiche technique:
- Titre: Rise Of The Rōnin
- Développeur: Team Ninja
- Éditeur: Sony Interactive Entertainment
- Genre: jeu d’action/aventure
- Style: se joue en solo et coop en ligne
- Date de sortie: 22 mars 2024
- Plateforme: PS5
- Disponibilité: version boîte et téléchargeable
- Langues des dialogues: anglais/français
- Langue des menus/sous-titres: anglais/français
- Site officiel: https://www.playstation.com/fr-ca/games/rise-of-the-ronin/
Avis du rédacteur:
La prémisse de départ est simple, on suit l’histoire fictive de deux enfants qui ont survécu au massacre de leur village par les forces du Shogunat et qui sont élevés pour devenir des assassins. Ça, c’est pour le scénario expliqué simplement. En profondeur, on incarne un ou une samouraï qui se retrouve sans maître, donc un Rōnin. On se retrouve dans une histoire fictive, mais s’inspirant de faits et de lieux réels en 1863, ce qui donne naissance à un récit captivant.
Au départ, on doit se créer deux personnages, soit un masculin et un autre féminin (frère et sœur), après avoir fait la première heure en dualité qui fait aussi office de didacticiel, dû à un événement malheureux, on se retrouve devant une décision difficile, soit de choisir le personnage qui officiera jusqu’à la fin. Et c’est là le premier point négatif à mon avis. J’aurais à l’instar comme Banishers: Ghosts Of New Eden, préféré jouer avec les deux à la volée, mais non, qu’un seul et c’est dommage. Cette option aurait offert une tout autre perspective de jouabilité. Au lieu de ça, on donne une expérience de déjà-vu trop souvent empruntée dans ce type de jeu.
Au moins, on rattrape un peu le tout via des choix que l’on doit prendre qui influencent les divers événements historiques, donc par la bande, le scénario. Donc, le jeu à une fonction adaptative à notre personnalité un peu comme dans Fable, soit bonne ou mauvaise. C’est tout pour la partie sur l’histoire, car je ne veux en divulguer davantage, à vous de la découvrir.
Le jeu dans sa globalité manque de rythme, certes, il y a une quête principale à soutenir, mais en même temps, on nous offre des missions annexes qui parfois, peuvent être ennuyantes. De type, va chercher si, ramène-le là et ainsi de suite. Oui, le jeu comporte l’option exploratoire et même si en fait on n’oblige pas l’exploration, elle est parfois bien récompensée. Par contre, avant de voir le générique de fin, c’est long et beaucoup trop avec à la clé, 50 à 60 heures qui parfois traînent en longueur.
Ce qui m’amène dans la partie la plus intéressante, mais qui représente un risque pour Team Ninja: le monde ouvert. C’est la première fois que le studio s’attaque à ce type de jeu et on sent l’inexpérience. Au départ c’est long, car le seul moyen de voyager c’est à pied, par contre, un peu plus tard, on découvre les joies de la balade chevaline et c’est fort utile, car le prochain objectif peut se trouver à plusieurs kilomètres. Sur la route, on croise des passants vaquant à leurs occupations, des animaux qui disparaissent dans le sol ou dans les rochers, ainsi que quelques bandits ou malfrats dispersés ici et là. Cependant, malgré le monde ouvert, ça demeure passablement vide. Autre belle option, le grappin que l’on a vu dans Sekiro: Shadows Die Twice ou l’espèce de deltaplane d’époque dans The Legend Of Zelda: Breath Of The Wild. Le grappin requiert deux fonctions: soit d’atteindre des lieux en hauteur ou bien de s’emparer d’un ennemi ou de prendre des objets ou de les balancer sur ces derniers. Le planeur quant à lui permet de se rendre plus facilement d’un point à un autre en vitesse. On compte aussi les Bannières, les espèces de points de contrôle qui offrent la possibilité de récupérer ses points de vie et se réapprovisionner en pilules médicinales. Et évidemment, après un repos, les ennemis vaincus au préalable reviendront dans la zone.
On peut créer des liens avec d’autres personnages rencontrés durant les missions et ces derniers vous donneront accès à d’autres lieux. Une bonne idée, mais contrebalancée par une intelligence artificielle à la ramasse. Ne comptez par sur eux pour vous aider en combat, ils sont nuls de chez nul. Autre truc qui commence fortement à m’énerver: la prise de possession de lieux dominés par les ennemis que l’on retrouve dans Assassin’s Creed, Far Cry, etc… Ça ne vous tente pas d’offrir quelque chose de rafraîchissant? Bref, pour faire court, après avoir pris possession de ces lieux, le peuple reviendra prendre leur place. Le risque ne fait clairement pas partie de la stratégie de Team Ninja et c’est dommage. Surtout que les ennemis ont clairement le Q.I. d’une borne-fontaine. J’ai souvent passé devant eux sans qu’ils réagissent et à d’autres moments, j’étais clairement caché et ils pouvaient me détecter telles les lunettes rayon x qui permettent de voir au travers de tout. Ah oui, les ennemis sont bien présents au festival annuel du clone. En combat, c’est la même chose, bien que l’on offre des modes de difficulté, les ennemis sont cons, ça n’a aucun sens, ça brime l’expérience.
Le véritable point fort de la jouabilité réside dans les combats, mais seulement en un contre un qui offre un bon défi et un bon éventail d’armes et mouvements, dépendant du style adopté. Coup faible, attaque plus lourde, combos, contre-attaque, esquive, tout y est. On peut basculer d’une arme primaire à l’arme secondaire en une touche. La jauge d’endurance est toujours présente et elle prend le sobriquet Ki. Petit ajout sympa, notre arme se couvre dans de sang pendant les affrontements, il est alors possible de la nettoyer en appuyant sur R1, ce qui lui fera consommer moins de Ki.
Quant à la puissance des ennemis, elle représente un bon défi, même en mode Histoire, ils sont exigeants. Ne pensez pas entre dans un combat tête baissée et fonçant dans le tas. Vous serez éliminé avant de finir la phrase, je suis mort encore. Essayer de comprendre les déplacements, d’anticiper les frappes, avec une parade au moment crucial, vous obtiendrez en avantage certain et de le fatiguer pour prendre l’ascendant sur le combat. Quand la posture de votre assaillant sera brisée, vous pourrez asséner un coup critique. Si vous avez envie de faire certaines missions avec l’aide d’ami(e)s, vous pouvez le faire jusqu’à trois de plus.
Le jeu comporte une composante jeu de rôle puisque notre personnage peut évoluer via un arbre de compétences, des items cosmétiques et améliorer ses armes. On peut choisir via certains aspects de sa personnalité comme devenir plus résistant, avoir un meilleur charisme qui offrira des réponses différentes dans certains dialogues, la force, la dextérité, etc. Le but est de devenir le meilleur de nous-mêmes.
Bon, côté visuel, c’est digne de la PS4, mais clairement pas de la PS5. Pour un jeu dans le même style et environnement que Ghost Of Tsushima, on est très loin de cette qualité. On est devant une modélisation des personnages correcte, mais sans plus, des textures qui chargent instantanément, des objets en lévitation, l’eau semble être de la slime, c’est assez moche. Les personnages non jouables sont rigides dans leurs mouvements. Seules les animations en combats sont efficaces. Le jeu graphiquement est très violent avec du sang coulant à flots et du démembrement. Cependant, on peut enlever ces options dans les paramètres. Qui dit monde ouvert, dit aussi des bogues par dizaines. J’ai été bloqué dans les environnements et traversé des murs. Merde, je ne suis pas un fantôme. Comme la mode maintenant, on offre un mode graphisme Qualité (4K avec un nombre d’images par seconde revu à la baisse), Performance (60 i/s) et Ray Tracing (des reflets de plus et des lumières). À mon avis, pour un jeu embarquant de nombreux combats nerveux, je vous conseille le mode Performance. La caméra parfois se place n’importe où lors d’affrontements avec plusieurs ennemis. En tout, pour cet aspect global visuel, j’avais plus l’impression de jouer à une version PS4 du jeu remastérisée pour fonctionner sur PS5, en un mot qui résume tout: décevant.
Dernier point de cette critique, l’aspect audio. J’ai d’abord été surpris de voir dans les options que le jeu est offert en version intégrale française, une première pour Team Ninja. Le jeu des acteurs/actrices est bien en français, mais je vous conseille les voix en japonais pour une expérience plus immersive. Les pièces musicales sont dignes de l’épopée du pays du Soleil-Levant, elles collent bien à l’action. Malgré que notre personnage parle à l’occasion, dans les phases de dialogues avec choix, il demeure muet. Pourquoi cette décision??? Encore un manque de motivation des développeurs?
Au final, que dire du jeu? Je fondais beaucoup d’espoir sur ce titre de Team Ninja, avec enfin des modes de difficulté divers, un monde ouvert, un scénario à deux personnages, etc. Malheureusement, on joue dans la cour des grands et on se plante sur plusieurs aspects. Ce portage PS4 visuellement est en deçà des attentes et ne mérite clairement pas un prix de 89.99$. Attendez un rabais si vous voulez en faire l’achat.
Points positifs:
- On respecte visuellement l’époque.
- Le côté immersif des combats un contre un.
- Une excellente durée de vie.
- Le côté jeu de rôle.
- Le doublage intégral en français.
Points négatifs:
- Un personnage au lieu de deux.
- Des missions secondaires ennuyantes.
- Un visuel très décevant.
- La caméra parfois se place n’importe où lors d’affrontements avec plusieurs ennemis.
- Le personnage lors des phases de dialogues ne parle jamais.
- L’intelligence artificielle à la ramasse.