Ressources inhumaines : Une machination littéraire soulève la question : le jeu vidéo est-il l’avenir du livre (numérique)?

Fiche technique
  • Studio : Moteurs Finnegan
  • Éditeur : Indie Asylum
  • Genre : Fiction narrative
  • Parution : 16 avril 2025
  • Disponibilité : PC, mobile
  • ERSB : 12+
  • Langues : Français, anglais

Sous le nom de Moteurs Finnegan, la maison d’édition Alto et le studio Affordance se sont réunis pour créer Ressources inhumaines : Une machination littéraire. Sa prémisse de science-fiction dystopique exagère bien la réalité décourageante du monde du travail actuel.

Plus qu’un jeu vidéo, il s’agit d’une fiction interactive divisée en chapitres. Le texte est signé John Henry Rumsby, mais une foule d’auteurs québécois a participé. L’œuvre se démarque donc par la qualité de son écriture. Malgré cela, on notera que la version française garde les traces d’une ponctuation anglophone non uniforme (p. ex., des virgules avant les « et ») et comprend plusieurs coquilles. Tout cela étant dit, le plaisir de lecture n’en est pas affecté.

L’interface est élémentaire, mais serviable. Le texte est présenté sur un fond blanc légèrement animé, qui bascule vers le noir lors des moments plus sinistres. Le tout est accompagné par une musique, des effets sonores et une performance vocale très restreinte qui n’apportent pas toujours grand-chose. Sinon, les supports visuels sont peu nombreux.

L’utilisateur est amené à cliquer sur un élément pour faire défiler le texte ou révéler des éléments complémentaires. De temps à autre, on lui demande de sélectionner une réponse ou une approche pour faire face à la situation. Il s’agit de l’essentiel de la jouabilité.

Autrement dit, la partie « interactive » de Ressources inhumaines est très limitée. Le jeu comporte bien quelques exercices, mais ils sont très rares. Il dispose d’une carte, mais elle est complètement inutile. Il y a un codex, mais tous les objets que l’on amasse ne s’y retrouvent pas. Souvent, ils sont consultables à même l’interface principale « sur le moment », mais on ne peut pas s’y référer plus tard, ce qui rend le codex plutôt superflu. Il existe un système de « traits » pour personnaliser le protagoniste selon vos choix, mais on est loin d’en tirer son plein potentiel. Vous n’irez probablement pas plus loin que du +2 ou +3 pour certains traits et vous n’aurez peut-être même pas l’occasion de l’utiliser à bon escient.

Il apparaît vite évident que Ressources inhumaines a d’abord été développé avec les joueurs téléphoniques en tête. Par exemple, le son peut facilement être coupé en un clic et les exercices éléments visuels et interactifs sont faits pour un ratio 16:9. Sinon, la navigation a clairement été pensée pour les écrans tactiles et non pour les souris d’ordinateur. Enfin, le jeu est vendu sur Steam, mais aucune récompense (achievement) n’a été prévue.

L’emphase sur le mobile expliquerait pourquoi la version PC n’est pas parfaitement optimisée en dépit de la simplicité de la jouabilité. Certaines options, quand les possibilités sont plus nombreuses, « disparaissent » à droite sans que l’on puisse faire défiler l’écran pour révéler l’information cachée. Lorsqu’on collecte un objet, l’écran nous « descend » de force vers la suite du texte, masquant en partie l’objet reçu en haut de l’écran. Il faut « remonter » manuellement pour le voir et le consulter. Pour toutes ces raisons, je vous recommande de privilégier la version mobile du jeu si vous vous le procurez.

Verdict

Ressources inhumaines : Une machination littéraire est un ovni dans le monde littéraire et du jeu vidéo, mais il appartient définitivement au premier plus qu’au second. Si vous aimez la lecture et tout particulièrement les récits de science-fiction dystopique, l’expérience mérite votre attention, quoiqu’il vaille mieux s’en tenir à la version mobile.

Points forts :
  • Concept gagnant
  • Narratif dystopique prenant
  • Qualité supérieure de l’écriture
Points faibles :
  • Beaucoup de lecture
  • Manque d’interactivité
  • Problèmes d’optimisation de la version PC

Merci à Indie Asylum et Finnegan Motors de nous avoir fourni une copie du jeu pour permettre à Facteur Geek de le tester.