Un jeu dans lequel on se retrouve livré à nous-mêmes, sans carte, sans de véritables objectifs ou d’indices pour se retrouver, qu’une boussole et de l’exploration à grande échelle, c’est ça que nous livre le jeu québécois Hell Is Us du studio Rogue Factor en collaboration avec Nacon. Sachant que des jeux de ce type représentent une trop grande rareté, voire quasi inexistante, est-il une bonne idée? Je réponds un immense oui et vous découvrirez pourquoi tout au long de cette critique.
Fiche technique:
- Titre: Hell Is Us
- Développeur: Rogue Factor
- Éditeur: Nacon
- Genre: action/aventure à la troisième personne
- Style: se joue en solo uniquement
- Date de sortie: 04 septembre 2025 (PC / PS5 / Xbox Series) – 01 septembre 2025 version Deluxe
- Disponibilité: version boîte et téléchargeable
- Langue des dialogues: anglais/français
- Langue des menus/sous-titres: anglais/français
- Site officiel: https://hell-is-us.com/
Avis d’ExploraJeux:
On nous place dans la peau de Rémi sans famille (ouais comme la série TV) qui raconte l’histoire d’un soldat de la paix issu des Nations Unies qui part à la recherche de ses parents dans un pays déchiré par la guerre d’Hadea. Après une démo fort prometteuse, j’avais hâte de m’investir dans le jeu entier et c’est ce que j’ai pu faire depuis quelques jours dans le but de vous livrer mon ressenti face à cette grande aventure exigeante, pas de par ses combats, mais plutôt par le peu d’infos reçues pour y progresser. Et vous savez quoi, c’est tant mieux. Les jeux qui ne nous prennent pas par la main sont très rares et c’est dommage.

Toujours est-il que Rémi se retrouve dans un pays ravagé par la guerre civile, alors qu’il arrive dans les contrées d’Hadea. Il croyait au départ que la menace était d’origine humaine, mais il découvre assez tôt qu’elle provient plutôt de créatures hostiles qui semblent venues d’un autre monde. Dans son malheur, il ne sera pas seul, en effet, il sera accompagné d’un drone qui servira avant tout à l’aider durant les combats, mais pas que, il aura aussi à sa disposition un arsenal spécialement conçu pour venir à bout des entités les plus récalcitrantes. Cependant, la tache sera loin d’être facile. Pour arriver au succès, il faudra apprendre à les vaincre en utilisant l’équipement adéquat et ainsi tenter de comprendre les enjeux du conflit.
Aux commandes de Rémi, on évoluera durant trois actes dont l’objectif sera la récolte du maximum d’informations possibles sur ce qui se passe dans le pays et évidemment en levant le voile sur le mystère des créatures venues d’un autre monde. Pour ce faire, on devra interroger différents personnages que l’on trouvera un peu partout. Durant ces phases questions/réponses, il y a une fonction intégrée que j’ai d’ailleurs adorée, la dualité des réponses: à gauche, les infos servant à progresser et mener à bien certaines missions et à droite, faire le point sur la culture et l’histoire d’Hadea. Donc, outre une console qui ressemble étrangement à un Pip Boy dans Fallout, pour s’orienter, il faudra compter sur son instinct et les quelques bribes d’infos récoltées pour progresser.

Parlant progression, pour plusieurs, le choix de l’équipe de développement de n’offrir que très peu d’infos pour s’orienter ou comprendre où se rendre avec pas de carte, sans indicateur de quêtes pourraient s’avérer très frustrant, mais pour ma part, il n’en est rien. Bien au contraire, car avec les nombreux outils que l’on retrouve dans la plupart des jeux, il est facile de passer d’un point A au point B sans explorer une grande partie de la carte, ce qui est très dommage. De mon côté, j’adore explorer et fouiller le moindre petit racoin d’une carte, donc, j’étais aux anges face à cette décision. De plus, tout au long du périple, on devra faire face à des énigmes à résoudre et très souvent la réponse se trouve dans les environs. Un peu d’observation et de logique et le tour sera joué. Cependant, comme tout n’est pas parfait, arrivé un peu plus tard dans le jeu, alors que l’on obtient son véhicule blindé, s’orienter deviendra un peu plus complexe. On se retrouvera dans une zone plus vaste avec de nombreuses informations récoltées dans le village principal. Et avec le peu d’aide obtenue, je l’avoue on peut tourner en rond pendant de nombreuses minutes sans réellement avancer.

Outre les missions de la quête principale, on peut aussi mener à terme différentes missions annexes ou découvrir des secrets dans le jeu. Cependant, ayez en tête que pour ces objectifs non obligatoires, on n’aura pas davantage d’infos. Le jeu demeure exigeant du début à la fin. Ces objectifs pourront passer par aider des gens, trouver des runes pour ouvrir des portes ou dénicher d’autres items. Ce qui ajoutera plusieurs heures de jeu. Pour en voir la scène finale, comptez plusieurs dizaines d’heures pour tout compléter et environ 30 heures que pour le principal. À vous de voir votre degré d’exploration et curiosité. Ce qui pour le prix demandé, très conséquent.
Ce qui m’amène à une autre large part de la jouabilité, les combats. Hell Is Us propose des combats très dynamiques dans lesquels il faudra attaquer, parer et esquiver. Comme mentionné plus haut, le drone qui nous accompagne pourra nous aider via différents modules, qui pourront distraire un ennemi, l’attaquer ou nous aider à attaquer les ennemis grâce à des capacités spéciales. Une option qui change la donne durant les affrontements. Pour nous, un arsenal d’armes au corps à corps sera mis à notre disposition, soit une épée, une double hache (que j’ai grandement apprécié), l’épée à deux mains qui frappe fort, mais manque de vitesse et l’arme d’Hast. Évidemment, plus on les utilisera et plus ces armes gagneront en puissance. Une fois la forge découverte, il sera possible de les faire évoluer grâce à diverses ressources récoltées en tuant des ennemis. Encore une belle option qui rendra les combats moins lassants. Cette forge permettra aussi l’amélioration de quelques pièces d’équipement et reliques, le tout afin de renforcer la défense et augmenter la barre de vie. Pour débloquer d’autres recettes, il faudra mettre la main sur divers livres qui pourront être trouvés en explorant.

Comme il s’agit d’un jeu exigeant, ça serait un peu mal balancé d’offrir des combats faciles non? Donc, oui les combats sont plus faciles au départ, mais par la suite, ça se gâte et le jeu devient de plus en plus difficile. Mais la beauté, c’est que la difficulté peut-être changée n’importe quand dans les menus. Par contre et j’arrive au point le plus négatif du jeu et je ne comprends pas encore. La barre de vie est liée à la barre d’endurance… Mais quelle idée contre-intuitive et un peu n’importe quoi. Un autre jeu à tenter le coup en 2024 et s’est fait démolir pour cette raison, surtout qu’il s’agit d’un type « souls-like », c’est pire. Pour cette liaison de barres, ça rend les combats très frustrants. On perd de la vie, on perd de l’endurance, donc, comment faire pour bien récupérer alors… SVP, idée à proscrire à tout jamais. On peut s’en sortir en gérant bien ses fioles de soins, mais tout de même, ça c’est si vous en trouvez, car le jeu n’en compte vraiment pas assez. Oui bien sûr, on peut compter sur la jauge d’impulsion guérison pour en reprendre en peu, mais jamais assez.

Au moins, on peut se consoler avec le système de sauvegarde qui nous ramène assez prêt de la zone de trépas et ce, avec une barre de vie au maximum et tous les objets importants dans l’inventaire. La fuite est parfois possible, voire même encouragée.
Autre point fort après du négatif, le graphisme du jeu est carrément impressionnant. Sa direction artistique est somptueuse et riche en détails. On verra du pays en passant par plusieurs lieux toujours plus beaux. J’ai peut-être trouvé que les donjons manquaient d’originalité, mais je chipote un peu. Le jeu renferme de magnifiques panoramas autant le jour que la nuit et le cycle de météo dynamique est bien présent. Le jeu est très bien optimisé et offre une fluidité constante. Les personnages sont superbement bien modélisés et même si le bestiaire est très peu nombreux, pour ma part ce n’est pas un manque. À quoi bon d’offrir une gamme de 50 ennemis si ça ne sert à rien au final.

En lançant la démo et ensuite le jeu entier, j’ai constaté la très haute qualité de la version française. La conviction est présente dans les dialogues, on ressent vraiment les émotions et ça rajoute déjà au haut côté immersif. Le doublage est fait de manière professionnelle et ça se vit tout au long du jeu. L’ambiance est remarquable également. Juste cité un exemple, la pluie ne fait pas le même son en tombant sur le sol ou sur une voiture. C’est dans les petits détails que l’on retrouve les grands jeux. Que dire de la bande originale? Elle est primordiale, voire essentielle à l’expérience. Elle suit l’action à l’écran. Au menu: des tonalités plus douces, plus rythmées, parfois angoissantes. Parfois, j’avais l’impression d’être dans un épisode de Twilight Zone, je viens dans perdre une gang, mais bon, c’est ma référence.
Je ne sais pas ce que réserve l’avenir au studio Rogue Factor, mais il sera difficile de faire mieux pour le prochain projet. Au prix demandé de 80$ et pour la durée de vie offerte, l’achat en vaut amplement la peine. Certes, il ne plaira pas à tous, mais je crois que ça serait une erreur de passer à côté. Allez tenter le coup avec la démo et vous serez vous aussi conquis et conquise par l’expérience globale.

Points positifs:
- Une histoire prenante qui se laisse découvrir.
- Un très haut volet exploratoire.
- Une durée de vie inespérée.
- Un graphisme à couper le souffle.
- Une ambiance, doublage français, bande originale au top.
- Un prix conséquent.
Points négatifs:
- Un jeu très exigeant.
- La barre de vie liée à la barre d’énergie, c’est un non ultime.
- Manque de fioles de soins.
