À l’approche du Comic-con de Montréal, de la sortie de Batman: Arkham Origins, que diriez-vous de revisiter un classique sous-estimé parmi les films d’animation de DC Comics? Batman: Le Masque du Phantasme célébrera cette année son 20e anniversaire et, en dehors du travail de Nolan et Burton, ici est présenté un des meilleurs… sinon LE meilleur film de Batman!

Batman: Le Masque du Phantasme (Mask of the Phantasm) est le premier long-métrage de Batman en animation et cela est dû au succès de la série animée de la même époque avec Paul Dini et Bruce Timm dans l’équipe de production. Il est un des rares films à être projeté au cinéma mais les profits n’ont pas été au rendez-vous mais suite à son arrivée sur VHS (et DVD), le film a rapidement acquis le respect… et l’amour des fans de Batman et avec raison!

Ce film présente Batman tel qu’on le voit dans la série animée des années 90. Une entité mystérieuse traque à mort les chefs de la pègre et dû à sa ressemblance avec cette entité, Batman est blâmé et Arthur Reeves organise une campagne de salissage afin de faire arrêter le justicier masqué. Au même moment, Bruce Wayne fait face à son passé alors qu’une femme revient à Gotham 10 ans après leur première rencontre. Le parrain de la pègre n’a d’autre choix que de faire appel au Joker pour éliminer son propre ennemi juré.

Ce film réexplore encore les origines du Chevalier Noir mais permet au téléspectateur de voir les difficultés de Wayne dans son parcours et ses nombreuses incertitudes tout au long du film jusqu’au moment culminent où Wayne enfile le masque de la chauve-souris. Alors qu’il a juré à ses parents de combattre le crime et venger leur mort, Andrea Beaumont se présente comme celle qui changerait la vie de Wayne ce qui lui permettrait de vivre une vie normale mais lors d’un moment éclair, on comprend qu’il ne pourra jamais être Bruce et sa transformation en Batman (avec un excellent travail au niveau de la trame sonore par feu Shirley Walker) est mémorable! Il suffit de voir la réaction d’Alfred Pennyworth au moment où Bruce Wayne devient définitivement l’homme chauve-souris. La connexion entre Wayne et Alfred est bien mise à l’avant et devient en quelque sorte celui qui aidera au public à saisir tous les éléments ou presque.

Le Phantasme est un des premiers ennemis qu’on ne connaît pas son identité et se présente comme le faucheur, un spectre en plus d’être imposant à l’écran. Il est extrêmement sombre et, grâce à sa ressemblance à Batman, peut vraiment se présenter comme l’un des plus farouches opposants au Chevalier Noir tant à sa façon de faire que dans ses paroles. « Ton ange de la mort t’attend. » Du même coup, on revoit aussi une AUTRE origine du Joker parmi les nombreuses interprétations et ses folies ou pertes de mémoire et celle-ci est aussi saisissante que celle présentée dans The Killing Joke en 1988. Mais que dire de son apparition dans le bureau d’Arthur Reeves, scène culte du film. Il faut surtout savoir que son complet est surtout basé sur The Killing Joke (notamment le chapeau). « Le costume est un petit peu théâtral mais… je suis mal placé pour dire ça! »

Visuellement, il n’y a pas de réelles différences avec le reste de la série animée à l’exception de la qualité de l’animation générale adaptée pour le grand écran et cela vaut aussi pour les rendus sonores nous donnant la réelle impression de voir un film fait sur mesure pour le ciné. Cela reste malgré tout, et là la véritable faiblesse du long-métrage, un épisode en deux parties. Un jeune fan risque d’avoir de la difficulté à faire la différence entre les scènes tant les retours en arrière (flashbacks) sont si importants au scénario et peuvent laisser à l’interprétation quant à la réelle identité du Phantasme au moment où il commet les meurtres.

Au niveau du doublage, les voix originales sont certainement marquantes. Inutile de dire qu’on parie sur le bon cheval en laissant Kevin Conroy faire SON Batman (I’m the night, I’m vengeance… I’m BATMAN) ou Mark Hamill personnifier son Joker… tel il l’a toujours fait! Dana Delany est loin de jouer la femme en détresse et il serait intéressant de voir le personnage d’Andrea Beaumont être réexploré dans un prochain univers. Stacy Keach donne le ton au film avec la voix du Phantasme. Au Québec, le doublage a été mené par Anne Caron alors qu’Éric Gaudry a mené le bal avec la voix de Batman/Bruce Wayne comme il l’a fait dans la série animée et les films de Burton. On connaît aussi Gaudry comme étant Jafar et la voix de Liam Neeson (Ra’s al Ghul de The Dark Knight Trilogy). Vincent Davy fut le Joker dans Batman et Alfred dans The Dark Knight… mais je reste personnellement marqué par le ton qu’il a pris pour le Phantasme et qui, bizarrement, surpasse Stacy Keach. Gilbert Lachance est et sera toujours le Joker mais parfois j’ai l’impression d’entendre Marc Labrèche. C’est à croire que Marc devrait faire au moins une fois le Joker même s’il fut Krusty. Et que dire de Hubert Gagnon, monsieur Mel Gibson, notre Homer Simpson en Alfred Pennyworth… Il est rare que le doublage soit aussi crédible mais pour les films d’animation (surtout un certain Aladdin), nos voix québécoises font le travail.

Si Le Chevalier Noir n’avait jamais été créé, Le Masque du Phantasme est, pour plusieurs, le meilleur film de Batman mais est définitivement une référence pour le domaine de la bande-dessinée. Présentant un scénario sombre et un peu de tout à la fois, ce Batman est l’un des films à voir et devrait faire école en ce qui a trait de film d’animation toute catégorie confondue. Si vous avez la chance de posséder la version VHS de ce film (surtout la version doublée au Québec), vous avez une perle rare!

  • Kevin Conroy (V.Q. : Éric Gaudry) Bruce Wayne/Batman
  • Dana Delany (V.Q. : Claudie Verdant) Andrea Beaumont
  • Stacy Keach (V.Q. : Vincent Davy) Carl Beaumont/Phantasme
  • Mark Hamill (V.Q. : Gilbert Lachance) Le Joker
  • Hart Bochner (V.Q. : Benoît Rousseau) Arthur Reeves
  • Efrem Zimbalist Jr. (V.Q. : Hubert Gagnon) Alfred Pennyworth